Crise chez Valeo : un coup dur pour les Yvelines et la filière automobile

Publié le 29 novembre 2024

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Crise chez Valeo : un coup dur pour les Yvelines et la filière automobile

Wilfried Richy

Chronique

L’équipementier automobile Valeo traverse une crise majeure, marquée par l’annonce de 868 suppressions de postes en France, incluant des fermetures de sites et des réductions d’effectifs significatives. Dans les Yvelines, la fermeture du centre de recherche et développement de La Verrière met en lumière les défis sociaux et économiques auxquels est confronté le secteur. Cette restructuration s’inscrit dans un contexte de crise profonde pour l’industrie des équipementiers automobiles, déjà affaiblie par le ralentissement du marché électrique et une concurrence internationale accrue.

La Verrière (Yvelines) : une fermeture lourde de conséquences

Le site de La Verrière, qui emploie environ 580 salariés, figure parmi les deux unités françaises de Valeo vouées à la fermeture, avec celle de La Suze-sur-Sarthe. Le groupe a annoncé la recherche d’un repreneur pour ce site, mais les chances de trouver une solution satisfaisante semblent minces. En effet, le bâtiment vétuste, marqué par la présence d’amiante, est jugé difficilement vendable, selon les syndicats.

La fermeture de ce centre de recherche, spécialisé dans les systèmes thermiques et d’essuyage, suscite une vive inquiétude parmi les employés et les élus locaux. Une partie des salariés pourrait être transférée vers d’autres sites du groupe, comme Créteil ou Cergy. Cependant, de nombreux employés redoutent une dispersion des activités et des difficultés de mobilité, compromettant leur avenir professionnel.

Les syndicats dénoncent un « drame social » et pointent du doigt une stratégie floue de la direction. Malgré les promesses de « prendre le temps nécessaire » pour trouver un repreneur, la méfiance règne, alimentée par l’absence de garanties sur le maintien des emplois.

Le maire de la commune, s’est exprimé sur les réseaux sociaux et s’en prend à l’action de l’Union Européenne.

Un plan social aux impacts nationaux

Au-delà des Yvelines, Valeo prévoit des suppressions d’emplois sur huit sites français. En plus des fermetures de La Verrière et de La Suze-sur-Sarthe, d’autres sites verront leurs effectifs drastiquement réduits, comme celui de L’Isle-d’Abeau (Isère), où les effectifs passeront de 308 à seulement 70 salariés. Des restructurations toucheront également les sites de Sainte-Florine, Reims, Laval, Amiens et Limoges.

Selon la direction, ces suppressions visent à « ajuster les capacités du groupe » au ralentissement du marché automobile européen. Toutefois, les syndicats estiment que le nombre réel de postes supprimés pourrait atteindre 1 282, si l’on inclut les refus de transfert et les postes vacants éliminés. À l’international, 200 postes sont également menacés en Allemagne, en République tchèque et en Pologne.

Une crise globale pour les équipementiers automobiles

La situation de Valeo reflète une crise structurelle plus large dans le secteur des équipementiers. Depuis 2007, la filière française a perdu 57 000 emplois, soit la moitié de ses effectifs, selon Jean-Louis Pech, président de la Fédération des industries des équipements pour véhicules. La tendance pourrait s’accélérer, avec des prévisions alarmantes de nouvelles suppressions d’emplois d’ici cinq ans.

Le ralentissement du marché électrique, pourtant central dans la transition énergétique, aggrave les difficultés. Comme l’a souligné Christophe Périllat, directeur général de Valeo, les retards dans les lancements de nouveaux modèles électriques par les constructeurs automobiles impactent lourdement les sous-traitants. Par ailleurs, la concurrence des sous-traitants chinois, dont la part de marché a doublé depuis 2021, fragilise encore davantage les acteurs européens.

Un secteur en mutation et sous pression

Cette crise touche l’ensemble de la chaîne de production automobile, des grands groupes comme Valeo ou Michelin, jusqu’aux plus petits sous-traitants. En Allemagne, Bosch a récemment annoncé la suppression de 5 500 postes d’ici 2030. En France, des entreprises plus modestes, comme Anderton Castings dans la Loire, ferment leurs portes, incapables de rivaliser avec des compétiteurs étrangers.

Pour les équipementiers français, la compétitivité devient un enjeu majeur. Les constructeurs automobiles, sous pression pour réduire leurs coûts, privilégient de plus en plus des partenaires étrangers. Cette dynamique met en péril l’emploi et l’innovation en France, tout en accentuant la dépendance aux acteurs internationaux.

Les défis à venir pour Valeo et la filière française

Face à ces bouleversements, Valeo doit redéfinir sa stratégie pour rester compétitif tout en limitant les impacts sociaux. Les discussions entre la direction, les syndicats et les partenaires sociaux seront cruciales dans les mois à venir. Dans les Yvelines, la fermeture de La Verrière est un symbole de la fragilité de la filière automobile française, qui peine à s’adapter aux mutations économiques et technologiques.

Malgré l’ampleur des défis, la préservation des savoir-faire et des compétences reste un enjeu essentiel pour assurer l’avenir de l’industrie. Si des investissements stratégiques dans l’électrification et la modernisation des infrastructures ne sont pas rapidement engagés, les suppressions d’emplois pourraient se multiplier, menaçant l’ensemble de l’écosystème automobile en France.

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