Budget et nouvelle donne politique 

Publié le 05 février 2025

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Budget et nouvelle donne politique 

Patrice Carmouze

Chronique

Comme il l’avait annoncéFrançois Bayrou a engagé lundi et à deux reprises la responsabilité de son gouvernement. La première sur le budget de l’État, la deuxième sur le budget de la Sécurité sociale.

Les Insoumis ont immédiatement déposé une motion de censure. Mais à la mi-journée, le bureau national du Parti socialiste a annoncé qu’il ne s’y associerait pas. Les motions de censure sur les deux budgets ont donc toutes les chances d’être rejetées, quelle que soit la décision du Rassemblement national.

Les socialistes, qui craignent que cette non-censure soit assimilée à un soutien sans participation au gouvernement, continuent d’affirmer que, malgré les avancées obtenues, « le compte n’y est pas ». Mais dans le même temps, ils renouent avec leur passé de parti de gouvernement, en admettant qu’un pays sans budget serait dans une situation bien pire qu’un pays doté d’un budget dont ils n’approuvent pas toutes les lignes. On en revient comme toujours à la fameuse distinction de Max Weber : ils placent l’éthique de la responsabilité avant l’éthique de la conviction.

Il y en a un, cependant, qui n’est pas dupe. C’est Jean-Luc Mélenchon. Pour lui, comme il l’écrit dans son blog, les choses sont claires : « le vote de non-censure du PS consomme son ralliement au gouvernement Bayrou » et il ajoute : « le NFP est réduit d’un parti. Il va nous falloir vérifier qui y demeure et comment fonctionner ».

L’acte de décès du Nouveau Front Populaire est donc publié. Et c’est une nouvelle donne politique essentielle.

LFI en perte de vitesse, le PS face à un dilemme

La création du NFP, en quelques heures après l’annonce de la dissolution au mois de juin dernier, répondait à deux urgences : la première, de s’opposer au RN qui pouvait gagner à lui seul les législatives ; la deuxième, de sauver ou de gagner des circonscriptions. La machine a parfaitement fonctionné : le RN s’est retrouvé dans l’incapacité de gouverner et la gauche comptait 192 députés, dont 70 Insoumis et 66 Socialistes.

Mais quelques mois plus tard, la situation a radicalement changé. Certes, le RN est toujours aussi puissant dans l’opinion, mais la gauche insoumise, elle, a du plomb dans l’aile. Il n’est qu’à voir ce qui se produit dans les élections partielles. Le 19 janvier dernier, LFI a perdu le siège de député de Grenoble qu’elle détenait. Et dimanche dernier, Louis Boyarddéputé insoumis et candidat à la mairie de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne – « élection imperdable » juge l’ex-Insoumise Raphaëlle Garrido – a subi une lourde défaite face à la candidate LR.

D’indispensable soutienLFI s’est transformée, au fil des provocations et de la radicalisation de ses dirigeants et de ses élus, en boulet électoral. L’opposition systématique et violente a fait son temps. La faveur va à ceux qui se retroussent les manches. La preuve, de l’autre côté de l’échiquier politique, sa participation au gouvernement permet à LR de se refaire une santé.

Tous ces éléments doivent tourner dans la tête des socialistes. Ils n’en ont pas encore tiré de conclusion définitive. Mais on sent que quelque chose est en train de bouger.

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