53cm de terre cuite, une très grande précision des détails, du visage au drapé. Créée en 1785, cette sculpture mise en vente par la maison Christie’s n’est pas la version définitive d’ « Amalthée et la chèvre de Jupiter » mais sa valeur n’en est pas plus faible.
Une étape importante dans la création
Parce qu’il s’agit très certainement d’une étape dans le processus de création de Pierre Julien. Le sculpteur français répond à une commande : celle du roi Louis XVI pour réconcilier Marie-Antoinette avec le château de Rambouillet qu’elle n’aime pas. La statue finale sera exposée au coeur de la Laiterie de la Reine.
« Louis XVI va demander à plusieurs personnalités comme le comte d’Angiviller et Hubert Robert de réaliser un espace dans le parc pour accueillir la laiterie. Pierre Julien va, lui, être amené à réaliser plusieurs reliefs pour ce lieu, un temple à l’Antique. Il va réaliser des bas-reliefs, des médaillons et une sculpture à échelle quasi réelle pour la grotte », précise Alexandre Mordret-Isambert, spécialiste dans le département sculpture et objets d’arts de Christie’s.
En observant l’oeuvre, on peut déjà voir le regard du sculpteur sur l’Antiquité, thème de la Laiterie. « Il revisite l’Antiquité, on est dans la période du néoclassicisme«
Présentée à l’exposition universelle
Cette version d’Amalthée provient de la collection de Charles Camille Groult, industriel et collectionneur d’art français. Si elle a toujours été détenue dans le cadre de collection privée, la statue a tout de même pu être admirée dans un cadre public. Celui de l’Exposition universelle de 1889. « Elle a été montrée dans l’exposition des arts anciens qui présentait les chefs d’œuvre de la sculpture française », ajoute Alexandre Mordret-Isambert.
Le produit fini aura une histoire plus tumultueuse. Elle fera partie des saisies révolutionnaires et placée dans l’atelier de Julien de 1791 à 1797 puis transportée à Versailles. Elle est placée en 1803 dans la rotonde du Sénat au musée du Luxembourg puis envoyée au Louvre en 1829.
Une pièce estimée à 80 000€
En plus de ses détails quasiment aboutis, la sculpture est la pièce forte de la maison Christie’s dont la vente est organisée le 26 mars prochain. Parce que les oeuvres de Pierre Julien sont rares sur le marché. Lors de la réalisation de sa pièce, le sculpteur commence tout juste à se faire un nom. Il a étudié à l’Académie française de Rome de 1768 à 1773, il est reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1778. « Il est assez jeune à ce moment-là, c’est son premier grand projet ».
Et c’est ce qui explique la hauteur de l’estimation faite par Christie’s. Entre 80 000 et 120 000€. Elle devrait intéresser plusieurs collectionneurs, des Américains mais aussi des musées.
La sculpture originale est remise à sa place dans la grotte de la Laiterie de Rambouillet en 1953. L’ébauche en terre cuite est visible par le grand public du 21 au 26 mars prochain. Christie’s l’expose dans ses salons avant de la proposer à la vente le 26 mars prochain.
