
À Carrières-sur-Seine, cette restauratrice du livre ancien redonne vie aux ouvrages dans son atelier à Carrières-sur-Seine.
À « 55-56 ans », comme elle le dit simplement, Sylvie Génot Molinaro a décidé de changer de vie. « J’ai quitté un emploi, et je me suis formée à l’école des arts appliqués du Vésinet. » Une formation où elle découvre les gestes manuels de la reliure, « en faisant des erreurs au début, puis de moins en moins… et à force de pratique, les gestes deviennent naturels, l’œil se forme. »
Depuis 2017, elle a ouvert son atelier à Carrières-sur-Seine. Un lieu atypique en bois, au fond de son jardin potager. « C’est un petit bout de campagne au bout de l’allée, les gens adorent venir ici. »
« Il faut d’abord observer, diagnostiquer, puis démonter avant de remonter. Il y a parfois une quarantaine d’étapes. »
La restauration, c’est l’art de redonner vie à un livre déjà façonné par le temps. « On est un peu les médecins du livre. On répare, on comble, parfois on restaure avant même de relier. » Chaque matériau – cuir, colle, papier – impose ses exigences. « Il faut être humble, s’adapter. Être gentil avec les livres, même quand on leur tape dessus au marteau », sourit-elle.
Qu’il s’agisse d’un ouvrage ancien ou d’un carnet contemporain, la reliure artisanale donne naissance à un objet unique, fait pour durer. « Un livre que je restaure, c’est pour qu’il continue à vivre bien au-delà de moi. Je ne l’ai pas écrit, pas illustré, pas relié… Je ne fais que le faire repartir. » À l’heure du numérique, le livre papier résiste. « Oui, il y a eu les liseuses, l’iPad… Mais les amoureux du livre reviennent vers nous. Ils veulent un objet qui leur appartient. »
Une pédagogie du geste et de la matière
Au-delà de son travail de relieuse, Sylvie transmet sa passion. Elle enseigne notamment à Noisy-le-Roi. « J’aime enseigner. Donner le goût du geste précis, du travail du papier. Une feuille pliée, un carton bien monté… et ça devient un livre. Son plaisir : créer des livres à décor, des pièces contemporaines pensées avec le client. « J’aime comprendre ce que les gens veulent, puis façonner un objet à leur image. »
Chaque devis est précédé d’un diagnostic sur mesure. « Ça dépend du format, de l’état, du cahier des charges. » Comptez de 40 à plusieurs centaines d’euros selon la complexité. « En restauration, c’est souvent long, ça se compte en semaines, parfois en mois. » Mais la récompense est là : « Quand un client est ému en redécouvrant son livre restauré… On sait qu’on a bien travaillé. »