Le Nymphée de Soufflot à Chatou : un joyau classé sauvé par le Loto du patrimoine

Publié le 21 avril 2025

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Le Nymphée de Soufflot à Chatou : un joyau classé sauvé par le Loto du patrimoine

Article : Mélanie Poquet & Wilfried Richy / Reportage vidéo : Mélanie Poquet

Reportage

Il a subi les affres du temps. Mais il a tout gardé de sa superbe. Du haut de ses 250 ans, le Nymphée de Soufflot domine toujours la vallée de la Seine, au cœur d’un parc privé de Chatou. Et la commune vient d’apprendre qu’il fait partie des sites emblématiques 2025 du Loto du patrimoine. Une reconnaissance nationale pour un édifice rare, discret, mais d’une valeur patrimoniale inestimable.


4 millions de travaux estimés

Le monument est classé aux Monuments historiques depuis 1952. Mais depuis plus de vingt ans, il est en péril. En 2002, des expertises confirment la dégradation de l’ensemble : infiltration d’eau dans la voûte, parements qui se détachent, colonnes rongées par l’humidité. Le site est alors inaccessible au public, caché derrière les grilles d’un lotissement privé.

Pour éviter la disparition de ce témoin du XVIIIe siècle, la ville de Chatou rachète le Nymphée en 2021. Un acte fort, suivi de premiers sondages géotechniques. Le montant des travaux est aujourd’hui estimé à plus de 4 millions d’euros. Une somme conséquente pour une commune, mais qui pourrait être en partie couverte grâce à la campagne de mécénat portée par la Fondation du patrimoine.

Pour Pierre Arrivetz, maire-adjoint de la commune, délégué au Patrimoine historique :

Une convention avec la Fondation du patrimoine est en cours de finalisation. Objectif : permettre aux particuliers et entreprises de soutenir la restauration via des dons déductibles d’impôts.

Un lieu rare, signé Soufflot

Il ne reste qu’une dizaine de nymphées en France. Celui de Chatou est sans doute l’un des plus impressionnants, tant par sa dimension que par sa signature : Jacques-Germain Soufflot, architecte du Panthéon à Paris et de l’Hôtel-Dieu de Lyon.

Commandé entre 1774 et 1777 par Henri-Léonard Bertin, ministre de Louis XV et Louis XVI, le monument est à l’origine un réservoir d’eau destiné à recueillir les eaux de ruissellement d’une pièce d’eau située plus haut, à l’emplacement actuel de la Villa Lambert. Mais il est surtout une œuvre d’agrément, pensée comme un bel objet dans le style des parcs classiques, inspiré de l’Antiquité.

« Nous sommes ici dans le vestige du domaine du Seigneur de Bertin, un domaine qui s’étendait jusqu’au cimetière de Chatou, sur près de 500 mètres. Il ne reste de toutes ses splendeurs que ce Nymphée de Soufflot », précise encore Pierre Arrivetz.

L’originalité du site tient aussi dans ses matériaux : pierres du Val-d’Oise pour les murs porteurs, mais aussi parements en scories de pierre meulièrerésidus de fonderie, et coquillages atlantiques. Une économie de moyens voulue dès l’origine par son commanditaire.

Une ouverture au public prévue pour 2027

Aujourd’hui encore, le Nymphée reste fermé au public, le site étant fragilisé. Mais les ambitions sont claires : réaliser les travaux dans les deux prochaines années pour permettre une ouverture en 2027. Il viendra alors compléter un parcours historique et touristique, aux côtés de la mairie, du Musée Fournaise et des circuits impressionnistes qui font la renommée de Chatou.

La 8e édition du Loto du patrimoine, qui démarre en septembre 2025, devrait contribuer à faire connaître ce monument au niveau national, et permettre de lever les fonds nécessaires.

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