Motion de censure : les paris sont ouverts

Publié le 02 décembre 2024

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Motion de censure : les paris sont ouverts

Patrice Carmouze

Chronique

La motion de censure contre le gouvernement Barnier alimente toutes les spéculations. Si elle est adoptée, elle pourrait renverser le gouvernement, provoquant une crise politique sans précédent. Parmi les incertitudes, les choix stratégiques du Rassemblement National dirigé par Marine Le Pen, mais aussi leurs conséquences, notamment pour les députés et ministres issus des Yvelines, sous le feu des projecteurs.

Le jeu politique : entre stratégie et spectacle

La politique est devenue un spectacle que l’on regarde comme un match de foot ou une course de chevaux. Sur la ligne de départ, c’est le chacun pour soi qui compte. L’intérêt collectif a depuis longtemps été jeté aux oubliettes.
Alors puisqu’il s’agit d’un jeu, ouvrons les paris.
Pour « Marine le Pen censure Barnier » la cote est faible. À peine, 1,30 euros pour 1 euro misé. Il faut dire que le RN, malgré les concessions obtenues sur la baisse des notes d’électricité et même sur l’AME (assurance médicale d’État), ne cesse d’avancer ses pions. À chaque concession arrachée, il en rajoute une autre. Comme pour montrer sa puissance ou sa capacité de nuire.
On connaît le calendrier. Ce lundi, le Premier ministre Michel Barnier vient défendre le Projet de loi de finances sur la Sécurité sociale devant l’Assemblée. Il annoncera son intention d’utiliser l’article 49.3 pour le faire adopter. Les députés de gauche (NFP) déposeront une motion de censure. Discussion et vote mercredi. Si le RN se joint à cette motion, le gouvernement Barnier sera renversé.
Petite cote donc pour la décision de Marine le Pen de faire tomber le gouvernement.
Et pourtant, si on avait un billet à jouer, on le placerait bien sur la grosse cote : l’hypothèse dans laquelle l’extrême droite laisse encore un peu de temps au gouvernement Barnier.

Motion de censure : quel scénario pour mercredi ?

Pour quelles raisons ? Parce que politiquement, la leader du RN n’a aucun intérêt à précipiter les choses. Voter la censure, ça signifie d’abord s’allier avec les partisans de Jean-Luc Mélenchon. Il faudra l’expliquer. Ça signifie ensuite plonger la France dans une crise bien plus profonde et plus grave encore que celle qu’elle traverse. Avec au programme, augmentation des intérêts de la dette et déclassement de la France en queue du peloton européen, perte d’influence sur la scène internationale, crises politiques à répétition puisqu’aucune majorité ne pourra tenir et que l’Assemblée ne peut pas être dissoute jusqu’au mois de juillet prochain, hausse des impôts, pas d’augmentation du budget de la Justice, de la Défense ou de l’Intérieur … arrêtons là une liste qui pourrait s’allonger indéfiniment.

Voter la censure, c’est donc pour Marine le Pen le risque de retomber là d’où elle vient, c’est-à-dire dans un mouvement uniquement protestataire et contestataire et incapable de donner des signes montrant sa capacité à gouverner. Quand vous êtes la fille de Jean-Marie le Pen et que vous avez la possibilité de vous montrer plus rationnelle, plus responsable et plus crédible qu’un ancien Président de la République comme François Hollande, vous auriez tort de laisser passer cette chance. (Petite parenthèse sur l’argumentaire de François Hollande qui reproche au gouvernement de se placer sous le joug du Rassemblement National mais qui ne s’offusque pas, lui, de voter la censure avec ce même RN) …

Dernier argument peut-être pour une femme qui aime, paraît-il, les chats. Lorsqu’ils se saisissent d’une proie, les félins jouent un certain temps avec elle, avant de la délaisser puis de lui porter un coup fatal. Oui, la censure arrivera un jour ou l’autre. Mais pas tout de suite …
Résultat du pari mercredi …

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