Matignon : le discours pour une union politique réussie
La question qui est sur toutes les lèvres : qui ira à Matignon ? est-elle la bonne ? La philosophie politique et l’expérience de François Bayrou en font évidemment la personnalité la mieux placée pour occuper le poste. Pourquoi ? D’abord parce qu’il a toujours défendu la nécessité pour des responsables politiques de travailler ensemble en dépassant les frontières de leurs partis ; ensuite parce qu’il a cette capacité à fixer un cap acceptable par le plus grand nombre sur des questions aussi essentielles que les finances publiques, la retraite, l’immigration, l’éducation et la défense de notre démocratie.
Pourtant, malgré ses incontestables qualités, sa nomination sans le préalable du programme risquerait de se heurter à des oppositions qui lui compliqueraient la tâche. On entend déjà Laurent Wauquiez affirmer que sa préférence irait « à un Premier ministre issu du rang des LR ». De l’autre côté, Boris Vallaud (président du groupe des députés PS) affirme : « si ce n’est pas un Premier ministre de gauche, nous ne participerons pas à ce gouvernement ». Il convient, bien entendu, de ne pas prendre ces déclarations à la lettre car elles cachent bien des calculs politiciens. Mais elles témoignent de l’état d’esprit d’une classe politique qui ne brille pas particulièrement par son ardeur à servir la France et les Français.
Une nouvelle méthode pour dépasser les blocages
Il faut donc une autre méthode. Et c’est probablement celle à laquelle va se résoudre le Président de la République lorsqu’il annonce qu’il va réunir l’ensemble des responsables de partis de l’arc républicain, c’est-à-dire tous les groupes représentés à l’Assemblée, à l’exclusion des Insoumis et du Rassemblement national.
Yael Braun-Pivet, qui connaît bien le Parlement qu’elle préside depuis 2022, a calculé que l’addition des socialistes, des centristes, des LR et du groupe LIOT approchait les 300 députés. De quoi constituer sinon une majorité totalement unie, en tout cas un nombre de députés doté d’une force capable de résister aux coups de boutoir des mélenchonistes et des lepénistes.
Reste maintenant à déterminer un programme. Ou plutôt à s’accorder sur quelques mesures d’urgence dans les domaines du budget de l’éducation, de la santé, de la sécurité, du chômage qui risque de remonter, et bien entendu de la parole de la France en Europe et dans le monde. C’est loin d’être impossible car ce qui rapproche ces élus est plus fort que ce qui les divise. Mais c’est d’abord à eux de prendre leurs responsabilités. Une fois l’accord sur ces mesures trouvé, il sera plus simple de désigner le chef d’orchestre qui les mettra en œuvre. On peut espérer qu’à ce moment-là, les calculs et les chauvinismes de parti s’effaceront pour laisser place à l’intérêt général et qu’un nom pour Matignon s’imposera de lui-même. Celui de François Bayrou, par exemple…