Ligne 18 du Grand Paris Express : les premières rames marquent un tournant

Publié le 27 juin 2025

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Ligne 18 du Grand Paris Express : les premières rames marquent un tournant

Reportage vidéo : William Morel & Grégory Canale / Article : Wilfried Richy

Émission

Le Grand Paris Express entre dans une nouvelle phase concrète et visible. Ce n’est plus un projet abstrait, c’est une réalité qui se dévoile. Avec l’arrivée des premières rames au centre d’exploitation de Palaiseau, la ligne 18 fait un grand pas vers sa mise en service. Ce métro automatique, moderne et entièrement connecté, doit transformer en profondeur les mobilités en Île-de-France, en particulier dans le sud-ouest francilien.

Et si l’on parle déjà de révolution, ce n’est pas un mot trop fort. Car ce métro ne se contente pas de relier des points sur une carte : il redessine un territoire entier.


Un jalon symbolique pour le Grand Paris Express

L’annonce a été faite en grande pompe : les premières rames de la ligne 18 sont arrivées en mai 2025 sur le site de Palaiseau. Cette étape concrète marque l’aboutissement de plusieurs années d’études, de conception et de travaux techniques. Ces trains ultramodernes seront testés pendant plus d’un an avant d’entrer en service commercial.

C’est un moment attendu. Un métro automatique flambant neuf, conçu par Alstom, sort enfin des plans pour devenir tangible. Ce type de moment, les passionnés de transport comme les habitants de la région s’en souviendront. Le métro arrive dans les Yvelines, et ce n’est pas rien.

La ligne 18 s’inscrit dans un projet bien plus vaste. Elle fait partie des quatre nouvelles lignes du Grand Paris Express, qui prévoit au total près de 200 kilomètres de nouvelles voies et 68 gares. À elle seule, la ligne 18 comptera environ 33 kilomètres de tracé, reliant Versailles-Chantiers à l’aéroport d’Orly. Elle comprendra dix nouvelles gares, toutes interconnectées au réseau existant.

L’objectif ? Permettre de traverser le plateau de Saclay en une trentaine de minutes, contre parfois plus d’une heure aujourd’hui. Et mieux connecter des zones encore trop enclavées.

Une réponse aux besoins concrets du territoire

On parle souvent d’aménagement du territoire dans des termes très généraux. Mais ici, c’est du concret. La ligne 18 va offrir une alternative réelle à la voiture pour de nombreux habitants, salariés, étudiants et chercheurs.

Le plateau de Saclay, avec son campus, ses grandes écoles, ses laboratoires de recherche, est un pôle stratégique du Grand Paris. Pourtant, il reste difficile d’accès. La ligne 18 viendra corriger cette anomalie. En reliant Massy-Palaiseau à Versailles via Saclay, avec un terminus à l’aéroport d’Orly, elle offrira des correspondances avec le RER BC, la ligne 14 prolongée, les tramways T7 et T12, et les lignes N et U du Transilien.

Cette nouvelle ligne rendra aussi de précieux services en cas de dysfonctionnements sur le réseau actuel. En cas de panne du RER, par exemple, la ligne 18 constituera une alternative crédible. Ce maillage plus dense, plus résilient, est attendu depuis longtemps.

Des trains nouvelle génération

Les rames conçues par Alstom pour la ligne 18 ne ressemblent en rien aux anciens métros parisiens. Ce sont des trains automatiques, sans conducteur, longs de 47 mètres, capables d’accueillir jusqu’à 350 passagers. Leur design est résolument tourné vers le confort et la modernité.

À l’intérieur, on retrouve la climatisation, le wifi, des prises USB-C (88 par rame), de larges allées pour faciliter les déplacements et de grandes fenêtres pour profiter de la lumière naturelle. Un soin particulier a été apporté à l’ergonomie, à la signalétique, et même à l’ambiance lumineuse.

Mais au-delà de l’esthétique, c’est la technologie qui impressionne. Ce métro est entièrement automatisé. Il fonctionne grâce à une alimentation électrique en 1 500 volts, captée par le sol et non par caténaire, ce qui permet une intégration plus discrète sur les viaducs extérieurs.

Autre innovation marquante : les trains communiquent entre eux. Résultat, une meilleure régulation des flux, une capacité à s’adapter en temps réel à la fréquentation, et une fréquence élevée : un train toutes les 90 secondes aux heures de pointe.

C’est aussi le métro le plus rapide d’Île-de-France, avec une vitesse commerciale de 65 km/h, et des pointes pouvant dépasser les 100 km/h.

Une mise en service par étapes

La ligne 18 sera mise en service en plusieurs phases. La première section, entre Massy-Palaiseau et le Christ de Saclay, doit être opérationnelle à la fin de l’année 2026. C’est sur ce tronçon que vont débuter les essais dynamiques dès octobre 2025. Avant cela, des tests statiques ont été engagés au printemps au centre de maintenance de Palaiseau.

Une seconde phase prolongera la ligne jusqu’à l’aéroport d’Orly, avec une mise en service prévue pour 2027. Enfin, le tronçon reliant le Christ de Saclay à Versailles-Chantiers verra le jour en 2030, complétant ainsi la ligne dans son intégralité.

Cette montée en charge progressive permet de valider chaque étape, de fiabiliser les systèmes et d’adapter les infrastructures aux besoins réels. Car tout est nouveau ici : les trains, le système d’exploitation, les interfaces de sécurité, les centres de maintenance.

Des défis technologiques à relever

Tout projet d’envergure comporte des défis. Celui de la ligne 18 ne fait pas exception. Outre les travaux lourds liés aux viaducs et aux gares, c’est l’ensemble du système qui est inédit.

L’automatisation intégrale du métro impose une infrastructure numérique robuste et sécurisée. Les rames doivent pouvoir dialoguer en temps réel avec les centres de commande, tout en restant capables de réagir aux imprévus.

Le choix de la captation au sol, sans caténaire, a également nécessité des innovations. Cette technologie offre un meilleur rendu visuel dans les zones aériennes, mais impose des contraintes techniques élevées.

Enfin, la coordination entre les différents acteurs (AlstomEgisKeolisÎle-de-France Mobilités) exige une organisation millimétrée. Chaque décision impacte les autres volets du projet.

Un investissement stratégique pour l’avenir

Le coût total du matériel roulant de la ligne 18 est estimé à 199 millions d’euros pour les 15 rames commandées. Cela peut paraître élevé, mais c’est un investissement stratégique. Car derrière ces rames, il y a un changement profond de logique.

On ne construit pas une ligne comme celle-ci pour les dix prochaines années, mais pour les quarante ou cinquante à venir. Elle accompagnera le développement démographique du plateau de Saclay, la densification maîtrisée des Yvelines, et l’évolution des mobilités vers des modes plus durables.

La ligne 18 n’est pas seulement un projet de transport. Elle incarne une vision. Celle d’une région mieux connectée, plus équitable, plus performante.

Un impact concret pour les habitants

La mobilité, ce n’est pas un sujet technique. C’est un sujet de vie quotidienne. Pouvoir rejoindre son travail sans stress, raccourcir un trajet interminable, retrouver du temps pour soi ou sa famille. C’est aussi cela que promet la ligne 18.

Pour les étudiants de Paris-Saclay, ce sera une libération. Pour les salariés du plateau, une alternative fiable. Pour les habitants d’Orly, de Massy ou de Versailles, un gain de temps considérable.

Et pour l’ensemble de l’Île-de-France, c’est un pas de plus vers un réseau multimodal cohérent, interconnecté, résilient.

Avec ses premières rames livrées et ses tests sur le point de démarrer, la ligne 18 entre enfin dans une phase tangible. Ce métro automatique, silencieux, rapide et confortable, n’est plus une promesse lointaine. Il roule, il se teste, il se prépare.

D’ici quelques mois, les rames transporteront leurs premiers passagers entre Massy et le plateau de Saclay. Et d’ici 2030, elles relieront Versailles à Orly, redéfinissant la carte des transports franciliens.

Le Grand Paris Express prend forme. Et la ligne 18 en est l’un de ses piliers les plus ambitieux.

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