
Gisèle Duroy est tisserande. Dans son atelier à Hermeray, elle tisse des coussins, des plaids ou encore des tapis en lin, en soie ou bien en coton. Les possibilités sont multiples, et c’est ce qu’elle préfère dans son métier. Aujourd’hui, elle partage sa passion en donnant des cours. On l’a rencontré à Hermeray.
« Tout le monde peut tisser. J’ai même fait tisser des personnes aveugles, et des enfants aussi ! », lance-t-elle avec enthousiasme. Pour preuve, elle sort un petit morceau de tissu réalisé par sa petite-fille à l’âge de 4 ans.
Dans son atelier, chaque outil a une histoire. Elle montre un ourdissoir, un fil vieux de 40 ans, un coton du Sénégal, un lin du Guatemala. « Ce que j’aime, c’est la variété. C’est un jeu de textures, de matières, de couleurs… Le tissage, c’est vivant. »
Le tissage, tout un art
Avant de tisser, il faut monter une chaîne. « Le tissage, c’est un entrecroisement de fils. Il y a la chaîne, tendue en longueur, et la trame, qui vient croiser. Mais avant, on calcule : combien de fils au centimètre ? Quelle épaisseur de fil ? Quelle largeur ? » Elle évoque les armures, ces schémas de construction du tissu, comme le « chemin de rose ». « Rien n’est laissé au hasard. Si vous tissez 1 mètre avec 5 fils au centimètre, ça fait déjà 500 fils à tendre. »
Tout commence en 1972, quand elle achète son premier métier à tisser. « Je ne savais rien, mais j’ai eu la chance de rencontrer quelqu’un qui m’a appris à monter une chaîne. » Elle développera ensuite sa propre technique.
Un détour par le théâtre, une boutique à Chartres avec sa fille, et enfin un retour à ses premiers amours. « Ce qui m’intéresse, ce sont les morceaux de tissu, pas les métrages industriels. Pour moi, tisser 25 mètres identiques, c’est impossible. Je m’ennuie. »
Une pratique inspirée des traditions du monde
Elle aime voyager dans les textiles. Sa bibliothèque est remplie d’ouvrages sur les motifs africains, andins, asiatiques. « Je ne copie pas. Mais je me nourris de tout ça. J’aime les influences. Je tisse des écharpes, des plaids, des ponchos. Et chaque pièce est unique. »
Pour elle, le tissage est un geste d’humanité :
« Quand on tisse, on met les pieds dans une mémoire très ancienne. Ce n’est pas pour reproduire, mais pour continuer une histoire. Une étoffe peut nous couvrir, nous habiller, transporter un objet… ou nous faire voyager. »