
Adoptée mardi 27 mai à l’Assemblée nationale, la proposition de loi sur l’aide à mourir marque une avancée majeure dans la législation française. Dans les Yvelines, les députés se sont majoritairement prononcés pour. Détail et analyse d’un vote aux enjeux éthiques et politiques.
Une loi adoptée à une large majorité
L’Assemblée nationale a voté, mardi 27 mai 2025, en première lecture, la proposition de loi créant un droit à l’aide à mourir, déposée par le député MoDem Olivier Falorni. Le texte a recueilli 305 voix pour et 199 contre, tandis que 57 députés se sont abstenus. Il doit désormais être examiné par le Sénat, dans le cadre d’une navette parlementaire qui pourrait durer plusieurs mois.
Le texte, attendu depuis plusieurs années, propose de permettre à des patients atteints d’une maladie grave et incurable, en phase avancée ou terminale, de recourir, sous conditions strictes, à une substance létale pour mettre fin à leurs souffrances. L’objectif affiché : offrir un choix supplémentaire, encadré médicalement, aux personnes en fin de vie.
Le vote des députés des Yvelines : une majorité pour
Dans le département des Yvelines (78), la tendance est claire : huit députés ont voté en faveur de la loi, deux s’y sont opposés, et deux se sont abstenus.
Parmi les partisans du texte figurent Anne Bergantz (Les Démocrates, 2e circonscription), Béatrice Piron (Horizons, 3e), Yaël Braun-Pivet (présidente de l’Assemblée nationale, Ensemble, 5e), Natalia Pouzyreff (Ensemble, 6e), Aurélien Rousseau (Socialistes et apparentés, 7e), Benjamin Lucas-Lundy (Écologiste et Social, 8e), Dieynaba Diop (Socialistes et apparentés, 9e) et Laurent Mazaury (Libertés et indépendants, 11e).
Ces votes favorables traversent les sensibilités politiques, allant du centre à la gauche. Ils traduisent un soutien significatif des élus locaux à un changement sociétal profond.




Une opposition marquée mais minoritaire
Deux députés yvelinois ont voté contre la proposition de loi. Il s’agit de Charles Rodwell, député Ensemble pour la République de la 1re circonscription, et de Karl Olive, élu de la 12e circonscription, également membre du groupe présidentiel.
Leur vote s’inscrit dans une ligne plus conservatrice, attentive aux dérives potentielles que certains redoutent dans l’application d’un droit à mourir. Une position également défendue par plusieurs responsables de la droite parlementaire.
Deux abstentions sur fond de réserve éthique
Enfin, deux députées des Yvelines ont choisi de s’abstenir : Marie Lebec (Ensemble, 4e circonscription) et Anne-Sophie Ronceret (Ensemble, 10e). Ce choix peut être interprété comme un refus de trancher sur un sujet éminemment personnel, ou comme une forme de prudence politique dans un contexte de débat très polarisé.
Certaines abstentions au niveau national ont aussi été expliquées, après coup, comme le refus de cautionner un texte jugé incomplet ou imparfait dans sa rédaction actuelle.
Une diversité d’approches dans un cadre de liberté de vote
Contrairement à d’autres projets de loi, le gouvernement et les groupes parlementaires ont laissé aux députés la liberté de voter en conscience, sans consigne stricte. Ce mode de scrutin a permis l’expression de convictions individuelles, parfois à rebours des lignes partisanes traditionnelles.
Dans les Yvelines, cette liberté s’est traduite par un vote plutôt favorable, mais aussi par une hétérogénéité des positions, qui reflète la complexité du débat sur la fin de vie.
Prochaine étape : l’examen au Sénat
La proposition de loi va maintenant être transmise au Sénat, où elle pourrait faire l’objet de modifications substantielles, notamment sur les critères d’éligibilité ou les garanties d’encadrement médical. La majorité sénatoriale, plus conservatrice, pourrait ralentir ou nuancer le processus législatif.
L’enjeu est de taille : ce texte pourrait devenir la première loi française reconnaissant explicitement un droit à mourir, au-delà des dispositifs existants comme la sédation profonde et continue introduite par la loi Claeys-Leonetti.
Une réforme sociétale au cœur des consciences
Le débat autour de l’aide à mourir traverse toutes les sphères : médicale, éthique, religieuse, citoyenne. En France, une majorité de la population se dit favorable à un encadrement légal de ce droit, selon les sondages récents.
Le vote des députés, et particulièrement ceux des Yvelines, s’inscrit donc dans une attente sociale forte, tout en soulevant des questions essentielles sur les limites de l’accompagnement médical, le rôle des soignants, et les conditions d’exercice de la liberté individuelle face à la mort.