C’est fou, parfois, comme un simple morceau de papier peut faire ressurgir tout un pan d’histoire. Capsule Temporelle, la nouvelle série documentaire coproduite par tv78 et le Musée de la Ville de Saint-Quentin-en-Yvelines, en est l’illustration parfaite. Une carte postale jaunie, une photo oubliée, une plaquette de promoteur… et tout un récit se met en marche, ancré dans les Yvelines et dans la mémoire collective.
Accessible, vivante, résolument incarnée : cette série s’inscrit dans une volonté claire. Raconter Saint-Quentin-en-Yvelines autrement, à travers les objets du quotidien.
Une carte postale, mille récits
Le premier épisode plante le décor : une carte postale de la gare de La Verrière, datée de 1908. Noir et blanc légèrement colorisé, un cliché presque anodin… sauf qu’il dit tout. Ou presque.
Isabelle Gourmelin, documentaliste au musée, y lit bien plus qu’une image. Elle y décortique les effets du rail sur la région parisienne, et surtout sur les communes de SQY : Trappes, Maurepas, Guyancourt, Villepreux… À l’époque, l’arrivée du train ne change pas seulement les horaires : elle reconfigure le territoire.
Le rail, fracture et mutation
Petit flashback : 1837, naissance de la première ligne voyageurs entre Paris et Saint-Germain-en-Laye. Le reste s’enchaîne vite, et en 1844, La Verrière entre (à reculons) dans l’histoire.
À l’origine, le village refuse l’implantation d’une gare, craignant que la ligne coupe en deux le hameau de l’Agiot. Finalement, pression politique et intérêts locaux aidant, une gare est construite en 1849… au beau milieu de l’ancienne allée du château. Comme quoi, les grandes décisions se prennent parfois loin du centre.
Une transformation vue du quai
En 1901, La Verrière compte 68 habitants. Dont 5 cheminots. Le rail devient une activité à part entière, attire les familles, crée des emplois. C’est le début des migrations pendulaires, bien avant qu’on leur trouve un nom.
Mais au fond, ce qui fascine ici, c’est moins le train que la carte postale elle-même. Apparue dans les années 1870, elle explose pendant la Grande Guerre : rapide, économique, affectueuse… une sorte de SMS à la mode 1914. On y écrit “bien arrivé”, “tout va bien”, “on pense à vous”. Et sans le savoir, on documente l’Histoire.
Un cliché… et une tragédie
Autre temps, autre carte. Isabelle Gourmelin nous parle d’un drame survenu en 1910 à Villepreux-Les Clayes : un express percute un train à quai. Bilan lourd, images choquantes. Et l’un des seuls témoignages visuels ? Une carte postale, encore. Preuve que ce petit objet, souvent anodin, se transforme en trace indélébile du passé.
Un fonds de 2 000 cartes à explorer
Aujourd’hui, près de 2 000 cartes postales dorment dans les archives du musée. Numérisées, classées, elles couvrent l’évolution du territoire, de la Belle Époque aux années 1980. On y voit des gares disparues, des fermes devenues écoles, des cités pavillonnaires tout juste sorties de terre.
Ces cartes sont bien plus que des souvenirs : elles sont des outils de recherche, de médiation, de transmission. Et elles font écho aux objets qu’on conserve dans nos tiroirs, chez nos grands-parents, ou dans un carton au grenier. Qui sait ce qu’ils pourraient révéler ?
Une série à la croisée des formats
Pensée pour tous les publics, Capsule Temporelle se décline sur plusieurs supports :
- Version longue (3 à 5 minutes) sur tv78.com et YouTube
- Formats courts (1 minute) sur TikTok, Instagram, YouTube Shorts
- Présentation incarnée par Wilfried Richy et William Morel, au ton léger mais rigoureux
Chaque épisode se concentre sur un lieu, un objet, une archive. Après La Verrière, la série s’ouvrira sur de nouveaux terrains : les plaquettes de promoteurs immobiliers à travers le temps.
Et si votre grenier contenait aussi une histoire ?
La force de Capsule Temporelle, c’est de partir du réel. D’un objet modeste, souvent ignoré, pour faire parler le territoire. On ne regarde plus une carte postale de la même manière. Derrière une image, un mot griffonné, il y a une époque, une ambiance, un bouleversement.
Alors, la prochaine fois que vous tombez sur une vieille photo dans un vide-grenier… regardez-la deux fois.