
À Versailles, l’ancienne championne de danse sportive Anastasia Ponomareva initie le public à la discipline du Heels. Une pratique exigeante sur talons hauts, mêlant expression corporelle, technicité, et travail sur la féminité. Rencontre avec une passionnée en quête de liberté artistique.
Un nouveau chapitre pour une danseuse de haut niveau
Anastasia Ponomareva n’a jamais cessé de danser. Même après avoir mis un terme à sa carrière compétitive en octobre 2020, la scène est restée son terrain d’expression. « La date la plus marquante, c’était le championnat de France de danse standard à Bourg-en-Bresse. On a terminé avec des médailles de bronze avec mon ancien partenaire », se souvient-elle. Cette reconnaissance marque la fin d’un parcours sportif intense, mais aussi le début d’une reconversion artistique nourrie par la curiosité.
Très vite après l’arrêt de sa carrière, Anastasia ressent le besoin de rester en mouvement : « Je ne pouvais pas rester sans danser. J’étais en recherche de nouveaux styles à découvrir. » C’est ainsi qu’elle croise le chemin du Heels, un style encore peu connu en France mais très présent dans les clips musicaux et les écoles de danse urbaine à l’étranger.
Qu’est-ce que le Heels ? Une danse sur talons entre puissance et précision
Le Heels – littéralement “talons” en anglais – est une forme d’expression chorégraphique pratiquée sur des chaussures à talons hauts. Apparue dans les années 1990 aux États-Unis, cette danse s’inspire du jazz, de la danse classique, des styles latino-américains, et du hip-hop. « C’est très complexe », explique Anastasia. « On va retrouver des détails du jazz, de la danse latino, de la danse classique… Tous les styles sont mélangés. »
Mais attention : danser sur des talons ne relève pas de la simple performance esthétique. Il s’agit d’un véritable travail technique, avec un haut niveau d’exigence. « Tous les styles de danse sont difficiles, si on les fait bien », affirme la danseuse. La posture, les appuis, l’équilibre et la coordination deviennent cruciaux lorsque le corps est surélevé de plusieurs centimètres.
Le Heels ne se limite pas à “marcher en rythme” : il impose de revisiter la gestuelle, de renforcer les muscles profonds, et de maintenir une stabilité constante, tout en livrant une interprétation fluide et engagée.
Danser seule : une nouvelle liberté après la danse de couple
Après des années passées à danser en duo dans les compétitions de danse sportive, Anastasia éprouve le besoin d’exister par elle-même sur scène. Le Heels lui offre cet espace d’autonomie. « J’ai toujours rêvé de danser seule », confie-t-elle. « Dans la danse de salon, on est toujours dépendant de son partenaire. Là, je suis indépendante. »
Ce nouveau style représente une forme de lâcher-prise et de réappropriation du corps. « J’ai testé une fois, deux fois, trois fois… et je suis tombée amoureuse. Je ne m’arrête plus. » Cette liberté de mouvement lui permet d’explorer sa personnalité, de travailler la fluidité de ses gestes, et de développer une esthétique propre.
Pour celles et ceux qui rejoignent ses cours, l’apprentissage se fait pas à pas :
« Il faut commencer par des petits talons, et puis, quand tu te sentiras plus à l’aise… Let’s go, 12 cm ! »
Talons hauts : entre difficulté physique et révélation intérieure
Danser sur talons transforme la relation au corps. Au-delà de la difficulté technique, c’est une expérience sensorielle et émotionnelle forte. « Quand une femme porte des talons, elle se sent directement plus féminine, plus belle, plus confiante en elle-même », explique Anastasia. « Ça donne une autre image à ton mouvement, à ton attitude. Pas seulement extérieurement, mais intérieurement. »
Mais cette sensation s’accompagne de contraintes physiques importantes. Les talons exigent une posture rigoureuse, sollicitent les chevilles, le dos, les abdominaux. « Ça complique vraiment la danse, surtout au niveau de l’équilibre. Il faut vraiment se tenir. C’est même dangereux parfois », reconnaît-elle.
Le Heels demande donc rigueur, entraînement et écoute de soi. Car il s’agit bien d’une activité sportive à part entière : « On travaille beaucoup sur la souplesse, le développement du corps. La danse reste très intense. »
À Versailles, des cours pour s’initier en toute confiance
C’est à Versailles qu’Anastasia transmet aujourd’hui sa passion. Dans ses cours, elle accueille un public varié, souvent féminin, désireux de découvrir cette danse à la fois exigeante et valorisante. L’ambiance y est bienveillante, portée par l’envie d’apprendre à son rythme, dans le respect de son corps.
Le Heels, pour Anastasia, va bien au-delà de la performance. C’est un chemin vers soi. « Il faut le sentir. C’est pas possible à expliquer. » À travers chaque mouvement, chaque montée sur talons, c’est une forme d’empowerment discret mais puissant qu’elle partage avec ses élèves.
Une passion viscérale qui continue de faire vibrer
Anastasia Ponomareva parle de danse avec un feu intact. « C’est ma passion, ma plus grande passion en ce moment. » Quatre ans après la fin de sa carrière compétitive, elle n’a jamais quitté les studios. Au contraire, elle explore sans relâche, entre cours, projets et nouvelles collaborations.
À travers le Heels, elle incarne une figure engagée et accessible de la danse contemporaine à Versailles. Son parcours témoigne de la richesse des chemins possibles après une carrière de haut niveau : continuer à transmettre, inventer, et danser pour soi.