
Robots ou journalistes ? Au FIL 2025, la question a vite été tranchée : l’innovation pour la presse locale n’est pas une menace mais une chance. IA, open source et vidéo s’invitent dans les rédactions pour mieux informer et retisser le lien avec les territoires.
IA et presse locale : un outil, pas une menace
« L’IA n’est pas là pour remplacer le journaliste, mais pour lui fournir des outils adaptés », a rappelé Florent Daudens, de Hugging Face, en ouverture d’atelier.
Dans les faits, ces outils existent déjà : transcription automatique d’interviews, reconnaissance de caractères sur des archives manuscrites ou encore analyse d’images satellites. Autant de tâches chronophages qui, confiées à des modèles d’IA, permettent aux journalistes locaux de se concentrer sur ce qu’ils font de mieux : enquêter, raconter, contextualiser.
Open source et transparence
L’autre mot d’ordre, c’est la transparence.
« Avec les modèles ouverts, on sait sur quelles données ils ont été entraînés. Cela permet de comprendre leurs biais et d’éviter des erreurs culturelles », souligne Florent Daudens.
Cette ouverture est cruciale pour les rédactions locales, qui doivent pouvoir vérifier d’où vient l’information. À titre d’exemple, un modèle occidental générera une image traditionnelle de Pékin, quand un modèle asiatique proposera une tour d’appartements moderne : deux visions, deux réalités. D’où l’importance de choisir avec soin les technologies utilisées dans les rédactions.
Former les journalistes et garder la maîtrise
« L’enjeu n’est pas seulement technologique. Il faut former les journalistes, tester les outils, et garder le contrôle sur l’éthique », rappelle Mia Sahl, pour le Google News Initiative.
Un avertissement entendu par beaucoup dans le public. Car si les grands médias ont déjà des équipes dédiées à l’innovation, les rédactions locales, elles, doivent souvent bricoler avec peu de moyens. L’idée n’est pas de leur imposer un nouvel outil miracle, mais de leur donner les clés pour l’utiliser, comprendre ses limites et en tirer un vrai bénéfice éditorial.
Confiance et citoyens
À Nantes, la discussion a vite dépassé la technique. Adrien Coussonnet, de l’association En Vrai !, a insisté sur un point central :
« Ce qui compte, c’est d’impliquer les citoyens et de leur donner les clés pour comprendre l’information. »
Dans un contexte où une partie de la jeunesse déclare « ne plus croire en rien », comme l’a montré une séquence d’atelier d’éducation aux médias, la presse locale a une responsabilité : restaurer la confiance.
Qui est le Vlipp ?
Créée à Nantes, l’association Vlipp (Vidéo Lycéenne et Initiatives de Projets Pédagogiques) propose des ateliers d’éducation aux médias pour les jeunes.
Elle mise sur la pratique audiovisuelle, la co-construction de formats (JT, reportages, interviews) et l’utilisation d’outils accessibles (smartphones, CapCut) dans une logique d’éducation populaire.
En savoir plus : vlipp.fr
Suivez-les sur Instagram :
@levlipp
Innovation et démocratie locale
Cette dynamique prend une dimension particulière à l’approche des élections municipales de mars 2026.
Les rédactions locales savent que l’IA peut les aider à suivre les résultats en direct, à enrichir leurs sites web, ou encore à automatiser certains formats. Mais elles savent aussi que l’essentiel reste humain : aller sur le terrain, donner la parole aux habitants, vérifier l’information.
Perspectives et suites
Pour Christophe Rauzy, rédacteur en chef adjoint de La Dépêche du Midi, présent au FIL, la clé est simple :
« Nous devons expérimenter sans perdre ce qui fait notre identité : la proximité et la crédibilité. »
C’est dans cet esprit que les rédactions locales, de la Bretagne aux Yvelines, commencent à tester de nouveaux outils, souvent en partenariat avec des acteurs technologiques. Certaines expérimentent déjà la conversion automatique de leurs articles en podcasts, ou l’intégration de modules interactifs pour suivre un conseil municipal en direct.
Entre technologie et journalisme de terrain
L’innovation pour la presse locale ne se résume donc pas à une course technologique. C’est un équilibre : tirer parti de l’IA et de l’open source, tout en restant fidèle aux principes du journalisme de terrain.
Le Festival de l’info locale 2025, à Nantes, l’a montré : au-delà des discours, ce sont des solutions concrètes qui intéressent les rédactions, pour gagner du temps et renforcer leur lien avec les citoyens.