Police municipale : dans les Yvelines, les conclusions du Beauvau ravivent le débat

Publié le 02 septembre 2025

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Police municipale : dans les Yvelines, les conclusions du Beauvau ravivent le débat

Article : Wilfried Richy

Chronique

Ce mardi 2 septembre, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est attendu à Sartrouville pour présenter les conclusions du Beauvau des polices municipales. Une étape clé pour un chantier ouvert depuis plus d’un an, qui interroge directement les communes des Yvelines : comment donner davantage de moyens aux policiers municipaux tout en préservant leur mission de proximité ?

Un chantier national qui entre dans sa dernière ligne droite

Lancé au printemps 2024, le Beauvau des polices municipales avait pour objectif de clarifier le rôle de ces forces locales, alors que leur présence n’a cessé de croître dans les communes franciliennes. Les débats ont porté sur des sujets aussi variés que la formation, la protection des agents, la coopération avec l’État, mais aussi la question sensible de leurs pouvoirs judiciaires (source).

Ce 2 septembre, à Sartrouville, le ministre doit donc présenter les conclusions attendues. Selon les grandes lignes déjà discutées ces derniers mois, elles devraient confirmer un double mouvement : renforcer les outils des polices municipales (formations, équipements, encadrement juridique) tout en réaffirmant leur rôle complémentaire à celui des forces nationales (La Gazette des Communes).

Les points de tension : jusqu’où aller dans les compétences ?

Au fil des concertations, plusieurs pistes ont émergé. Certaines vont dans le sens d’un élargissement des compétences : accès à certains fichiers, nouvelles contraventions délictuelles forfaitaires, usage plus large des caméras-piétons ou expérimentation de drones (Banque des Territoires).

Mais la judiciarisation des policiers municipaux reste un sujet explosif. Des députés LR proposent de donner, à titre expérimental, un statut d’officier de police judiciaire (OPJ) à certains responsables municipaux (Maire-info). Le Sénat s’y oppose, préférant se limiter à un renforcement ciblé (Gazette des Communes).

L’Association des maires de France a pour sa part proposé une voie médiane : permettre aux édiles qui le souhaitent d’opter pour un statut de « policier municipal à fonctions judiciaires », avec des compétences limitées mais mieux définies (AMF). Ce choix s’inscrit dans la logique rappelée par l’AMF du rôle central du maire en matière de sécurité publique (tv78).

Dans les Yvelines, des situations très contrastées

Avec près de 1,5 million d’habitants et une mosaïque de territoires, les Yvelines illustrent bien la diversité des réalités locales.

À Versailles, la police municipale compte plusieurs dizaines d’agents et collabore régulièrement avec les forces de l’État, comme l’avait montré une opération conjointe en 2016 (tv78). À Saint-Quentin-en-Yvelines, l’agglomération dispose depuis plus de vingt ans d’une police intercommunale, l’une des plus importantes de France. Avec ses effectifs étoffés, son centre de supervision urbaine et son réseau de vidéoprotection, elle illustre une organisation déjà avancée, susceptible de s’adapter rapidement aux évolutions issues du Beauvau.

Ailleurs, la situation est tout autre. Dans les communes plus rurales, les effectifs dépassent rarement quelques agents. Pour ces villes, l’élargissement des compétences resterait théorique, faute de moyens financiers et humains. L’Institut Paris Region rappelle que le coût moyen d’une police municipale en Île-de-France est de 25 € par habitant, ce qui pèse lourdement sur les petites collectivités.

Ce que veulent les habitants : plus de présence, moins de procédures

Sur le terrain, la demande citoyenne est claire : les habitants souhaitent avant tout une police visible, proche et réactive. Dans les quartiers de Mantes-la-Jolie comme dans les communes de vallée de Chevreuse, les attentes concernent surtout les incivilités du quotidien, la circulation ou la tranquillité publique.

Des faits divers récents, comme le refus d’obtempérer au Chesnay-Rocquencourt en juillet 2024, où un policier municipal a été percuté par un conducteur (tv78), rappellent aussi la dangerosité croissante de leurs missions. D’autres villes, comme Voisins-le-Bretonneux, avaient dès 2016 investi dans de nouveaux équipements pour leurs agents, avec l’arrivée de pistolets à impulsion électrique (tv78). Autant d’exemples qui témoignent d’une adaptation progressive aux réalités du terrain.

Beaucoup d’élus redoutent toutefois qu’une judiciarisation excessive éloigne les agents de leur rôle de proximité, au risque de brouiller leur image auprès de la population (Courrier des Maires).

Un équilibre à trouver

Avec la présentation des conclusions du Beauvau ce 2 septembre, le gouvernement clôt une phase de concertation et ouvre celle de la décision législative. Le projet de loi attendu fin septembre devra concilier plusieurs impératifs : donner plus d’outils aux polices municipales, garantir une égalité entre territoires et préserver leur identité première de proximité.

Dans les Yvelines, les grandes villes pourraient servir de terrain d’expérimentation, tandis que les petites communes chercheront avant tout à maintenir un lien direct avec la population.

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