« Elle est très satisfaite de son travail, elle a une vie professionnelle épanouie, famille soutenante. »
15h30, l’heure du staff aujourd’hui pour les équipes de « Women Safe & Children« . Elles sont quatre autour de la table : infirmières et psychologues. Le sujet de leur discussion, une femme dont on ne se douterait jamais des violences qu’elle subit. Des violences psychologiques, des humiliations de la part de son mari. Passer une après-midi à « Women Safe & Children », c’est se rendre compte que la violence touche tout le monde. Ici, il n’est pas question de catégories sociales, de diplômes, d’âges. Juste de victimes.
Près de 500 femmes accompagnées en 2024
« Il faut pas se mentir, on travaille sur beaucoup de violences intra-familiales, c’est quand-même un phénomène très important en France. » Le constat est fait par Noëlla Arnaudo, la directrice de l’antenne yvelinoise de l’association. Selon le gouvernement, en 2023, 1185 femmes ont été victimes de féminicides ou de tentatives de féminicides au sein de leur couple. Le chiffre monte à 373 000 femmes victimes de violences physiques, sexuelles et/ou psychologiques ou verbales commises par leur conjoint ou leur ex-conjoint en 2022.
À Saint-Germain-en-Laye, l’année 2024 a été chargée. 497 femmes ont bénéficié d’une prise en charge pluridisciplinaire dont 382 nouvelles accompagnées. Des violences intra-familiales mais pas seulement. « On reçoit des victimes de viols qui ont lieu dans la rue. Des étudiantes qui ont été agressées sur leur campus lors de soirée ou qui viennent nous demander de l’aide. On a de la violence au travail et puis après des femmes qui sont arrivées à l’âge adulte et qui ont été victimes de violence toute leur enfance« , précise Noëlla Arnaudo. Mais aussi des victimes d’inceste pour qui un groupe de paroles est spécialement dédié.
La pluridisciplinarité, force de l’association
La pluridisciplinarité, c’est la force de « Women Safe & Children ». Lancée en 2014 par Frédérique Martz et Pierre Foldes, l’association regroupe aujourd’hui 35 professionnels, pour la plupart des bénévoles. Tout part d’un constat. « Les violences étaient traitées par forme de violence et les professionnels restaient un peu dans une consultation individuelle non concertée. Nous y avons mis un enjeu : c’est réunir ces professionnels dans un même lieu et établir un secret partagé« , explique Frédérique Martz. À Saint-Germain-en-Laye, les bénéficiaires peuvent donc échanger avec des médecins, des infirmiers, des psychologues, des juristes, des avocats, etc.
Le suivi est à 100% gratuit pour les femmes comme pour les mineurs. « Elles sont illimitées dans le temps pour les enfants« , ajoute Noëlla Arnaudo. Les financements sont principalement institutionnels.
Trois parcours dédiés aux femmes
Une fois accueillie et écoutée, la femme victime se lance dans un parcours de suivi. Pour certaines, deux rendez-vous suffiront. Pour d’autres, le travail sera long. « Women Safe & Children » a pensé trois parcours pour elles : un parcours à but psycho-pédagogique pour leur donner des clefs de compréhension, le 2e propose des groupes de parole et des ateliers thérapeutiques, le dernier vise l’affirmation de soi et l’autonomie notamment par le travail.
Un pôle mineur depuis 2017
Trois ans après sa création, l’association ouvre un pôle mineur. Là encore, à partir d’un constat fait par les équipes. « Les femmes venaient chez nous parler de leur situation, parler de l’auteur mais rarement des enfants« , appuie Frédérique Martz. « Des enfants qui vivent régulièrement des violences, il faut absolument qu’ils soient accompagnés parce qu’un enfant peut assez vite s’effondrer que ce soit dans son contexte ou dans ses rapports sociaux mais également dans à l’école qui est un indicateur souvent pour les parents d’urgence.«
Ils sont 87 mineurs à avoir été accompagnés en 2024. Deux groupes collectifs leur sont dédiés en fonction de leur âge. En 2024, un groupe a été créé pour les 3-6 ans. Ils peuvent avoir été repérés par les équipes après un échange avec une femme victime, par leurs mères elles-mêmes ou par l’Aide sociale à l’enfance.
L’association essaime petit à petit dans toute la France. Des antennes ont ouvert en Haute-Savoie et en Corse. Prochaine étape : la Bretagne.
Pour contacter « Women Safe & Children » :
- Par formulaire sur le site internet : women-safe.org
Ressources d’urgence :
- Police et gendarmerie : 17
- Pour les personnes sourdes, malentendantes, aphasiques, dysphasiques : 114
- Services européens : 112
- SAMU : 15
- Pompiers : 18
Numéro d’écoute et d’information :
- Violences Femmes Info : 3919
