
Lors de l’édition 2025 de l’Université des mairies de l’Ouest Parisien (UMOP), un atelier a été consacré au thème de la santé mentale, réunissant élus locaux, coordonnateurs de projets territoriaux et acteurs associatifs.
Comme le soulignait l’un des intervenants : « Le principal frein d’accès aux soins des personnes qui ont des difficultés de santé mentale, c’est la stigmatisation. »
L’échange a permis de recadrer la question de la santé mentale comme un enjeu collectif, plus large que le seul champ médical et de présenter des outils de concertation locale, en particulier les conseils locaux de santé mentale (CLSM) susceptibles d’être mis en œuvre à l’échelle d’une commune ou d’une intercommunalité.
Pourquoi la santé mentale est un défi pour les territoires ?
Le constat national
- En France, 13 millions de personnes présentent chaque année un trouble psychique.
- 53 % des Français déclarent avoir été en souffrance psychique au cours des douze derniers mois.
- Sur le plan professionnel, environ 1 salarié sur 4 se dit en mauvaise santé mentale.
Un impact local et territorial
Comme l’a rappelé l’un des élus interrogés : « On découvre à ce moment-là … mais ce sont des choses qui couvrent des mois et des mois avant et qu’on ne voit pas. »
Autrement dit, les collectivités sont souvent confrontées à des effets indirects (isolement, rupture du lien social, précarité) plutôt qu’à des signes évidents. Les élus et acteurs locaux ont donc un rôle primordial dans la prévention, même lorsqu’ils ne sont pas seuls face à ces enjeux.
Quels leviers d’action pour les élus et collectivités ?
1. Mobiliser les leviers ordinaires
L’atelier a insisté sur le fait que les élus disposent déjà de « plein de leviers d’action » : urbanisme, soutien au secteur associatif, accès à la culture ou aux loisirs.
« Ce qui détermine la santé mentale d’une population, c’est plein de choses. C’est la qualité du lien social, c’est la qualité de la vie en général, sur lequel ils ont plein de leviers d’action. »
En clair : aménager des espaces favorables au lien social, encourager l’activité sportive ou culturelle, faciliter l’accès des habitants aux services sont autant d’actions de prévention.
2. Mettre en place une structure de concertation territoriale
Les intervenants ont présenté les conseils locaux de santé mentale (CLSM) comme un outil adapté :
- « C’est vraiment un outil qui peut être installé à l’échelle de n’importe quelle collectivité, même une petite commune. »
- Il vise à rassembler élus, professionnels de la psychiatrie, acteurs associatifs, monde de l’ordre public, usagers concernés.
La mise en réseau des acteurs autour d’un territoire permet de repérer précocement des besoins, de décliner des actions adaptées et d’améliorer la coordination des politiques publiques.
3. Combattre la stigmatisation et renforcer la formation
Un des freins majeurs identifiés est la peur, la méconnaissance et la stigmatisation autour de la santé mentale. Comme l’a souligné l’une des intervenantes : « Le principal frein d’accès aux soins … c’est la stigmatisation. »
Des actions concrètes sont déjà repérables :
- Les formations « premiers secours en santé mentale » (PSSM) se déploient en France, formant des personnes à identifier et accompagner des troubles psychiques.
- Au travail, la prévention commence à être prise en compte : l’enquête Qualisocial-Ipsos 2025 indique que seules 23 % des organisations disposent d’un plan complet de prévention.
4. Inscrire la santé mentale dans la durée
Les actions doivent s’inscrire dans un temps long. Les interventions ponctuelles ne suffisent pas face à des dynamiques d’usure, d’isolement et d’épuisement qui s’installent progressivement.
À ce titre, la concertation, le dialogue territorial et la montée en compétence des acteurs locaux sont essentiels.
Les communes peuvent soutenir la santé mentale sur leur territoire en mobilisant les leviers ordinaires (culture, urbanisme, loisirs), en instaurant un conseil local de santé mentale pour coordonner les acteurs et en luttant contre la stigmatisation par la formation et la sensibilisation.