Pour les 150 ans de la République, le château de Versailles met les petits plats dans les grands. Elle ouvre exceptionnellement deux lieux inédits. Mais pas des moindres : la salle du Congrès et l’appartement du président du Congrès. A découvrir jusqu’à fin septembre.
Une salle inscrite dans l’histoire
L’actualité la plus récente de la salle du Congrès remonte au 4 mars 2024. Le Parlement est alors rassemblé à Versailles pour un moment historique : l‘inscription dans la constitution de l’interruption volontaire de grossesse. Quand on pénètre pour la première fois dans ce lieu, on est saisi par ce velours rouge du sol et des sièges et surtout sa grandeur. L’hémicycle peut accueillir jusqu’à 900 personnes, des loges et des balcons sont dans les hauteurs.
Tout part du 30 janvier 1875 et l’amendement Wallon qui fait entrer dans la loi constitutionnelle le mot « République« . « Cet amendement met en place la jeune IIIème République, instaure la fonction présidentielle et le bicamérisme : la présence d’un Sénat et d’une chambre des députés« , explique Claire Bonnotte Khelil, collaboratrice scientifique du château de Versailles. Une évolution des lois qui entraîne la création d’un nouveau lieu : la salle des Congrès. Une conception rapide, moins de six mois, pour que l’Assemblée nationale élue en 1871 puisse siéger non loin de Paris.
C’est Edmond de Joly qui se voit confier la création de cette salle majestueuse. « Il va utiliser des cours intérieures qu’il fusionne sans occasionner de dommages trop importants pour le château« . Inaugurée le 8 mars 1876, la salle du Congrès est utilisée par les députés (les sénateurs siègent à l’Opéra royal) jusqu’en 1879, date à laquelle ils retournent au Palais Bourbon.
Une enclave au château
Si la salle du Congrès se trouve bien dans les murs du château de Versailles, elle ne lui appartient pas. Une sorte d’enclave. « C’est un lieu que le château doit mettre à disposition des assemblées lorsqu’il est nécessaire, à la disposition du président de la République pour les allocutions« , explique Claire Bonnotte Khelil. Des allocutions présidentielles qui s’y déroulent depuis 2008, une décision de Nicolas Sarkozy. Emmanuel Macron y est venu à deux reprises.
L’inscription de l’IVG dans la Constitution mais aussi les attentats du 13 novembre 2015. Le 16 novembre, François Hollande rassemble le Parlement pour présenter ses propositions face au terrorisme. Ce n’était que la 3e réunion au Congrès sous la Vème République.
Un appartement d’apparat
Le château de Versailles permet de découvrir une pièce inédite de son patrimoine. A quelques mètres de la salle du Congrès : l’appartement du président du Congrès. Créé lui aussi par Edmond de Joly, il prend place dans l’aile sud du château. « On est dans l’ancien appartement de Louis XVIII, le comte de Provence, frère de de Louis XVI« , présente Claire Bonnotte Khelil. La décoration d’aujourd’hui, plutôt Empire, n’est pas celle de la IIIème République. L’architecte a alors des goûts plutôt éclectiques : décor néo-Louis XV, salle à manger néo-Louis XIV.
Trois pièces en enfilade sont proposées à la visite pour découvrir un appartement qui servait surtout à de l’apparat. Un appartement plus privé se trouvait à l’étage inférieur. « C’est ici que le nouveau président élu recevait le collier des grands maîtres de la Légion d’honneur« . Aujourd’hui y sont exposés des portraits des différents présidents français. Jules Grévy fait face à Léon Gambetta. Une statue d’Alexandre Millerand trône dans le bureau. En 2006, il est restitué au domaine.
Les deux lieux sont à découvrir tous les week-end et jours fériés en visite libre et guidée. La semaine, en visite guidée uniquement. Jusqu’à la fin du mois de septembre.
Pour plus d’informations : chateauversailles.fr
