
Fin février 2025. Il trône au milieu de l’atelier. Quatre mains s’affairent sur lui depuis le début du mois de janvier. L’oeuvre « Les Sonneurs du Ciel » est entrain de vivre la toute dernière étape de sa restauration. Plus de 3 ans de travail et près de 14 ans après son achat par le département des Yvelines.
Une commande du baron Cochin
Parce que ce plafond est unique. Près de 5m de long réalisé par Maurice Denis en 1896-1897 après une commande du baron Denys Cochin. « C’est la dernière partie de l’acquisition d’un décor de huit panneaux qui représente un cycle qu’on appelle la «chasse de Saint-Hubert»« , explique Pierre-Marie Vautier, chargé de mission à la direction de la culture, du tourisme et des sports du département des Yvelines. Les sept autres panneaux sont actuellement exposés au sein du musée départemental Maurice Denis. Le département achète « Les Sonneurs » en 2011 directement aux descendants du baron. Il était jusque là encore installé au plafond du fumoir d’un hôtel particulier parisien, rue de Babylone.
Une restauration minutieuse et longue
Il se passe près de 10 ans avant que le tableau ne passe sous les mains expertes des restaurateurs. En cause, la céruse qui servait à le maintenir au plafond. Un enduit à base de plomb demandant des consignes sanitaires importantes. Le département acquiert des réserves de plus de 700m2 pour stocker mais aussi restaurer les 5000 références qu’il possède. C’est au coeur de cet espace que le plafond a subi toute l’attention des équipes.
Une tente a ainsi été montée pour permettre d’enlever la céruse. Le plafond est aussi installé sur un châssis. Aujourd’hui en possession du département, il ne devrait plus être présenté comme plafond pour éviter de nouvelles dégradations liées au temps. En ce début d’année 2025, Cécile Des Cloizeaux et Frédérique Maurier, restauratrices de peinture, mettent la dernière touche à une aventure entamée en 2021. Elles viennent de terminer le nettoyage du tableau. « Il faut imaginer que c’est une peinture qui a été dans le fumoir d’un hôtel particulier parisien pendant plus d’une centaine d’années. La peinture était couverte de crasse noire et brune liée notamment au chauffage et au charbon« , explique Cécile Des Cloizeaux. Elles mettent les derniers coups de pinceaux à la retouche.
La conservation, maître mot d’un musée
« On dit traditionnellement que les trois missions d’un musée sont conserver, étudier et valoriser. Mais la mission première d’un musée est avant tout cette part de conservation« , précise Pierre-Marie Vautier. Un travail en lien avec un régisseur qui est le véritable responsable de la santé matérielle des œuvres. De la conservation préventive, comprenez créer les conditions idéales pour éviter la dégradation d’une oeuvre : transport, conditions d’exposition, interventions humaines, etc.
Et puis la restauration. Un travail directement en lien avec le centre de recherche et de restauration des musées de France. Le département emploie, dans ces cas-là, des restaurateurs indépendants amenés à travailler dans leurs ateliers ou au sein des réserves yvelinoises si l’oeuvre est monumentale, comme « Les Sonneurs du Ciel« . Si les Sonneurs ne seront pas présentés tout de suite au grand public, les huit panneaux seront un jour rassemblés.