
Depuis le 2 juin, les Yvelines ont un nouveau procureur de la République. Jean-David Cavaillé (57 ans) a succédé à Maryvonne Caillebotte, en poste pendant six ans dans le département. Un mois après son arrivée, le haut magistrat s’est confié sur ses premières semaines de prise de fonction et ses grandes priorités pour le territoire yvelinois.
Diplômé de l’École nationale de la magistrature (ENM) en 1993, au sein de la promotion « Juge Falcone », Jean-David Cavaillé a débuté sa carrière en 1995 comme juge d’instruction au tribunal de grande instance de Dunkerque. Dans son parcours, il a notamment été conseiller auprès de Rachida Dati en 2007, alors ministre de la Justice et Garde des Sceaux.
Le haut fonctionnaire a également été directeur adjoint de l’ENM entre 2010 et 2015. Avant de prendre ses fonctions dans les Yvelines, Jean-David Cavaillé était le procureur de la République de Perpignan depuis 2020. Dans son parcours, Il a occupé les mêmes fonctions à Rochefort-sur-Mer, Dax et Angoulême. TV78 l’a rencontré, jeudi 17 juillet, à l’occasion d’une conférence de presse au tribunal judiciaire de Versailles.
« Un département contrasté sur le plan socio-économique »
TV78 : comment vos premières semaines comme procureur de la République de Versailles se sont-elles déroulées ?
Jean-David Cavaillé : Comme toute prise de fonction, c’était une période intense parce qu’il fallait rencontrer les services d’enquête, les services de la préfecture et toutes les autres personnes avec lesquelles le procureur est en interaction. C’est le cas des élus, avec le président de conseil départemental, les députés, les sénateurs et puis le représentant de l’association des maires. L’idée est d’essayer de comprendre quels sont les enjeux du territoire. Et, aussi, de commencer à apporter les premières réponses d’organisation, puisque les mouvements de magistrats se font dès le mois de septembre.
Vous arrivez dans un nouveau territoire après votre passage au parquet de Perpignan. Quels sont les enjeux dans le département des Yvelines ?
J-D C : Il s’agit d’un département contrasté sur le plan socio-économique, avec des zones aisées financièrement et des zones plus tendues. Ce qui impose de porter une politique pénale répondant à différents phénomènes. D’abord à toute la criminalité organisée liée au trafic de stupéfiants, et aussi aux appropriations violentes comme les home-jacking, car-jacking et extorsions. Et puis, il faut répondre à toutes les formes de violences les plus graves – qu’elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques – à l’égard des représentants de l’autorité ou au sein de la cellule familiale.
« Une attention particulière à toutes les formes de discrimination »
Votre prédécesseur, Maryvonne Caillibotte, est restée en poste pendant six ans (2019-2025). Quel regard portez-vous sur son action à la tête du parquet de Versailles ?
J-D C : Je suis ravi de m’inscrire dans sa lignée. Elle est une très grande professionnelle qui a structuré son parquet de manière à être plus efficace. C’est assez aisé pour moi de prendre sa succession parce que les sujets majeurs sont déjà traités, et l’esprit d’équipe ainsi que les relations avec les partenaires sont exceptionnels. Donc ça, c’est un gain énorme. Après, bien évidemment, il y a des choses sur lesquelles on va travailler un peu différemment, au regard de l’évolution de la délinquance et de nos personnalités. L’important étant d’apporter une réponse aux justiciables.
Quelles sont vos grandes priorités ?
J-D C : Mettre en œuvre les priorités nationales comme la lutte contre le narcotrafic et les formes d’appropriation violentes. Pour moi, il y a aussi d’autres sujets sur lesquels il faut être extrêmement attentifs. Comme la prostitution des mineurs, avec notamment des adultes qui se servent des jeunes en difficulté pour gagner de l’argent. Et puis, également, toutes les formes de harcèlement et pas uniquement au sein de la famille. Enfin, je porte une attention particulière à toutes les formes de discrimination, d’atteinte à la religion, à l’origine ethnique, au handicap. Nous allons travailler avec les services de la préfecture sur ces sujets-là. II faut que la justice soit présente pour accompagner les plus faibles.
Un déplacement à la prison de Bois D’Arcy
Vous avez effectué l’un de vos premiers déplacements en tant que procureur de la République de Versailles au centre pénitentiaire de Bois d’Arcy. Pourquoi ?
J-D C : Il faut que le procureur ait conscience de la situation des établissements pénitentiaires, afin de mesurer les actions à mettre en oeuvre pour limiter la surpopulation carcérale. C’est-à-dire contrôler les entrées de façon plus efficace, s’assurer également que l’on puisse libérer des détenus quand ils ont des droits à faire valoir, de manière à ce que les conditions de détention soient meilleures.