La Maison Triolet-Aragon, un lieu tourné vers la création artistique

Publié le 09 mars 2025

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La Maison Triolet-Aragon, un lieu tourné vers la création artistique

Montage : Thomas Fletcher / Reportage vidéo et article : Mélanie Poquet

Émission

Derniers coups de pinceau, dernières installations. Le 1er mars dernier, la Maison Triolet-Aragon a rouvert ses portes au public. Près de 6 mois après les pluies diluviennes des nuits du 9 au 10 octobre et du 17 au 18 octobre qui ont touché le sud du département. « On a eu jusqu’à 1m d’eau par endroit », se souvient Guillaume Roubaud-Quashie, directeur de l’établissement. Mais tout cela est de l’histoire ancienne, les activités reprennent leur cours et surtout tout ce qui touche au patrimoine a été sauvé des eaux par les équipes de la Maison et les services de secours.

Un lieu de ressource et d’inspiration

Le public peut donc à nouveau découvrir l’intimité d’Elsa Triolet et Louis Aragon. Le couple d’écrivains s’installe à Saint-Arnoult-en-Yvelines en 1951. « Avec la vie mondaine d’Aragon, les réceptions, Elsa n’a pas toujours la possibilité de travailler, de réfléchir, d’avoir un espace, une vie à elle. A la fin des années 40, ils cherchent activement une résidence secondaire à quelques dizaines de kilomètres de Paris ». Et en découvrant le Moulin de Villeneuve, c’est le coup de foudre.

Un vrai moulin des XIIe-XIIIe siècle qui a vu les paysans défiler pour moudre leurs grains jusqu’en 1904 et dont la roue se trouve toujours aujourd’hui au coeur de leur salon. Elsa Triolet et Louis Aragon y écriront de nombreuses oeuvres. « Pour Elsa, je crois que la maison est vraiment centrale dans sa vie, dans son oeuvre. Sa dernière oeuvre « Le Rossignol se tait à l’aube » qui s’achève par la mort du personnage féminin (publié en janvier 1970). Il y a une sorte d’écho entre le roman et la vie d’Elsa Triolet », précise Guillaume Roubaud-Quashie. Louis Aragon trouvera l’inspiration pour des oeuvres décisives comme « Le roman inachevé«  ou « La Semaine Sainte« .

Un don à l’Etat

A la mort d’Elsa Triolet le 16 juin 1970, la vie du Moulin se fige. L’éphéméride dans le couloir à l’étage le prouve. Louis Aragon se détache progressivement du lieu jusqu’à sa disparition le 24 décembre 1982. Elsa Triolet et lui sont enterrés dans le parc de la propriété. Dès 1976, il décide de léguer le moulin à l’Etat français mais avec des conditions :

  • conserver leur sépulture et faire du Moulin un lieu de mémoire en conservant leurs appartements
  • développer un lieu de recherche avec une bibliothèque rassemblant plus de 30 000 volumes
  • en faire un lieu de création artistique contemporaine

La Maison Triolet-Aragon organise trois expositions par an. La prochaine va d’ailleurs débuter le 15 mars prochain. Elle est dédiée à Miss. Tic, artiste de street art, plasticienne et poétesse décédée en 2022. Les équipes accueillent aussi les visiteurs tous les jours, les appartements du couple se visitent accompagné d’un guide. « On a aussi une attention soutenue en direction des élèves, parce que c’est aussi l’avenir du pays », ajoute Guillaume Roubaud-Quashie. Louis Aragon et Elsa Triolet ont notamment étaient actifs dans la résistance. Ils sont alors connus sous les pseudonymes d’Elisabeth et Lucien Andrieux. Ils écrivent, ils mobilisent intellectuels, artistes et médecins.

La maison Triolet-Aragon accueille chaque année environ 20 000 visiteurs. Elle aurait dû fêter ses 30 ans le 12 octobre 2024. Mais ce n’est que partie remise. Les équipes travaillent d’arrache-pied pour le fêter dignement à la fin du mois de juin 2025.

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