Ils sont 12 étudiants à avoir relever le défi : penser des tenues avec les méthodes de l’Âge du Bronze. Leurs créations ont été présentées à l’occasion de la Fête de la Science, au sein même de l’exposition « Les Maîtres du Feu » du musée d’Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye.
Huit créations à deux, quatre ou huit mains ponctuent la visite de l’exposition. Les douze étudiants sont issus de 2ème année de Fashion Design de l’ESMOD, l’école supérieure des arts et techniques de la mode. Choisis parmi les six campus, ils ont planché sur leur travail pendant un mois cet été. « Ce qui est intéressant, c’est de pouvoir mettre en corrélation une approche créative mode en la confrontant à l’approche scientifique de l’archéologie. Ce sont à priori deux terrains qui ne sont pas fait pour se rencontrer et on se rend compte, qu’au contraire, la projection par l’introspection est particulièrement passionnante« , explique Sylvie Marot, directrice du Pôle Art, Culture, Héritage de l’ESMOD.
Un partenariat inédit
Un partenariat inédit dans leur cursus né grâce à un ancien de l’ESMOD, Fabien Durand, aujourd’hui responsable du service communication. Les étudiants ont tout pensé de A à Z. « Ils ont été totalement libres et totalement libérés de cette contrainte qu’ont les archéologues, cette contrainte archéologique et scientifique. Ils ont pu au contraire libérer complètement leur imaginaire, leur imagination pour penser l’esthétique du corps et cette beauté de la période du bronze« , explique Sylvie Marot, directrice du Pôle Art, Culture, Héritage de l’ESMOD.
Gaby Richard, de l’ESMOD Paris, a réfléchi à une coiffe unisexe. « Au départ, je l’imaginais comme un objet du quotidien, transmissible de génération en génération. Mais elle a évolué vers une coiffe portée lors de gros événements« , explique-t-elle. Milane Laun-Garault et Capucine Acevado, de l’ESMOD Lyon, ont choisi de voir du côté de l’Irlande en créant une tenue complète de paysan. Ana Carolina Zemp, étudiante à l’ESMOD Paris, a choisi de représenter une femme guerrière avec sa création, « Le Voyage Sacré », inspirée des cuirasses. « Ça m’a complètement inspiré, tout ce monde, cette plongée dans ce monde de soleil, du bronze et des matières organiques. De tout le symbolisme et de la société de l’époque, c’est une très grande inspiration, je me suis beaucoup nourrie« , précise-t-elle.
Des conseils d’archéologues
Le plus grand défi peut être : travailler avec les techniques de l’époque. Couture sans machine, tissage, gravure ou teinture manuelles. Seul le bronze n’a pas été travaillé, les étudiants faisant appel à l’impression 3D. Ils ont été accompagnés par trois archéologues de l’INRAP, l’institut national de recherches archéologiques préventives. Les tenues ne sont pas des reconstitutions historiques. Mais elles reflètent les découvertes comme le métier à tisser vertical dont il ne reste que les poids, le textile étant organique. « On leur a apporté les connaissances de base réunies par les archéologues concernant l’Âge du Bronze en France et en Europe. Je leur ai présenté ce qui était connu, quelles étaient les techniques de tissage, les motifs, les couleurs utilisées. Ce que l’archéologie documente« , explique Yann Lorin, spécialiste du textile en Europe à l’âge du Bronze.
L’exposition a pris fin le 13 octobre. Les étudiants sont entrés en 3ème année d’école, une année diplômante pour eux. L’exposition principale, « Les Maîtres du Feu« , est à découvrir jusqu’au 9 mars.