« Jardin du Cœur » à Guyancourt : le maraîchage comme tremplin vers l’insertion

Publié le 16 août 2025

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« Jardin du Cœur » à Guyancourt : le maraîchage comme tremplin vers l’insertion

Montage : Marine de la Barbée / Article : Wilfried Richy / Reportage vidéo : Yves Hubstenberger

Émission

À Guyancourt, au cœur des serres réhabilitées par les Restos du Cœur, une initiative étonnante prend racine : un chantier d’insertion par le maraîchage, où des hommes et des femmes retrouvent non seulement un emploi, mais aussi confiance en eux, compétences et perspectives.


Un chantier qui redonne du sens au travail

Lorsqu’ils arrivent sur place, les salariés en insertion sont parfois loin du monde du travail : ruptures de parcours, longues périodes d’inactivité, ou perte de repères. Et pourtant, en quelques semaines, quelque chose change.

« La plupart n’ont jamais mis les mains dans la terre », explique Patrick Bichat, encadrant technique. « Mais très vite, ils se rendent compte qu’ils sont capables de semer, d’entretenir, de récolter… et surtout de voir le fruit concret de leur travail. »

Cette transformation n’est pas anodine. Au-delà de l’activité agricole, c’est la dynamique de travail elle-même qui est réapprise : se lever le matin, respecter un rythme, accomplir une tâche du début à la fin, s’engager dans un collectif.

Un dispositif humain et structurant

Le Jardin du Cœur accueille environ 15 salariés en insertion, sous contrat à durée déterminée d’insertion (CDDI) de 4 mois, renouvelable jusqu’à 24 mois. « L’objectif n’est pas qu’ils restent ici longtemps, mais qu’ils rebondissent », résume Maryse Stanguennec, accompagnatrice socio-professionnelle.

Et ça fonctionne : plus de 80 % de sorties positives ont été enregistrées l’année dernière. Cela signifie que la majorité des bénéficiaires sont repartis vers un emploi durable, une formation qualifiante, ou une mission adaptée à leur projet.

L’accompagnement ne se limite pas à l’activité agricole. Les salariés participent à des ateliers concrets : rédaction de CV, préparation d’entretien, travail sur les savoir-être… Tout est fait pour les aider à retrouver leur autonomie et redevenir acteurs de leur trajectoire.

Une réhabilitation collective… et symbolique

Le lieu, lui aussi, a une histoire. Abandonné pendant plusieurs années, l’ancien site de l’INRA a été repris en main par les Restos du Cœur, les salariés en insertion et les encadrants. La serre, remise en état petit à petit, est devenue un symbole de renaissance partagée.

« Certains ont découvert ici qu’ils avaient un talent en mécanique, ou en bricolage », raconte Patrick. « On leur donne l’occasion de se tester, de proposer, de réparer, d’oser. Et parfois, on assiste à de vraies révélations. »

L’ambiance, malgré la rigueur du travail, est bienveillante. L’effort physique est là, mais il est gratifiant. « C’est un travail exigeant, mais porteur de sens », souligne Maryse. « Le simple fait de produire des légumes qui seront donnés à des personnes en difficulté, ça donne une dimension supplémentaire à l’engagement. »

Redonner confiance, pour retrouver le choix

Le mot revient souvent : le choix. Ici, on ne pousse pas à tout prix vers le CDI, mais on aide chacun à retrouver une capacité à choisir son parcours, sans le subir.

Certains partiront vers l’intérim, d’autres vers un CAP, un contrat aidé, un emploi en entreprise… L’essentiel est ailleurs : « qu’ils sortent d’ici avec des outils, une confiance retrouvée, et la sensation qu’ils peuvent construire quelque chose ».

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