
Concertiste, inventeur, compositeur… Georges Schmitt a consacré sa vie à la flûte de Pan. Avec plus de trois millions d’albums vendus et onze disques d’or, ce musicien des Yvelines a hissé cet instrument millénaire au rang d’art majeur, entre musique sacrée, publicités célèbres et concerts à l’Olympia.
Un destin forgé par la passion et la curiosité
Né en Moselle et installé depuis plusieurs décennies dans les Yvelines, Georges Schmitt incarne l’image du musicien-artisan. À l’origine trompettiste et saxophoniste à l’armée, il découvre par hasard la flûte de Pan. Ce coup de cœur devient très vite une vocation.
« Un jour, j’ai découvert la flûte de Pan à travers le folklore d’Amérique du Sud. Cet instrument m’a fasciné. »
D’abord conçue comme un simple objet décoratif, sa première flûte devient un instrument à part entière. Il abandonne alors tous les autres pour se consacrer exclusivement à cet instrument ancestral, présent dans les cultures du monde entier, de la Roumanie au Brésil.
Le seul facteur de flûtes de Pan accordables en France
Pour jouer dans des lieux exigeants comme les cathédrales ou les églises, il cherche à accorder ses flûtes avec précision. C’est ainsi qu’il invente un système de pistons réglables, remplaçant la cire d’abeille traditionnellement utilisée. Ce système, breveté, fait de lui le seul facteur français à proposer des flûtes de Pan accordables.
« Je gagne un temps fou à chaque concert. J’accorde mes flûtes au diapason de l’orgue avant même d’arriver. »
Ce savoir-faire unique lui vaut d’être régulièrement sollicité pour des enregistrements, notamment dans le monde de la publicité – on lui doit des musiques iconiques comme celles de Chambourcy ou Herta.
Un répertoire éclectique et un succès populaire
Georges Schmitt adapte à la flûte de Pan des œuvres de Mozart, Bach, Satie, mais aussi des musiques de films signées Ennio Morricone ou Vladimir Cosma, avec lesquels il a collaboré. Son talent pour l’adaptation lui a permis de conquérir un large public, en France et à l’international.
Dans un article publié en décembre 2022 par Le Parisien, il confiait :
« Au début, on se foutait de moi, se souvient-il. Quand j’ai sorti mes premiers disques, on m’a pris pour un illuminé. »
Aujourd’hui, les chiffres parlent pour lui : trois millions d’albums vendus et 11 disques d’or, une reconnaissance qui s’est imposée au fil des années.
De l’Olympia au Brésil : une vie de rencontres et de voyages
Amoureux des églises mais aussi de la scène, Georges Schmitt a partagé l’Olympia avec Hugues Aufray, dont il est proche depuis plus de 50 ans. Il lui fabrique d’ailleurs ses propres flûtes de Pan, adaptées à son style de jeu. Il ambitionne aujourd’hui de lui rendre hommage à travers un album mêlant flûte, chœurs et orchestre – un projet momentanément suspendu, faute de financements.
Ses voyages l’ont également mené au cœur de la forêt brésilienne, à la rencontre de peuples qui utilisent la flûte de Pan depuis la préhistoire. Il y apprend que la taille de l’instrument reflète le statut de la personne : plus la flûte est grande, plus son joueur est important.
« C’est absolument étonnant… Je m’enrichis de toutes ces histoires que j’ai pu récupérer sur la planète. »
Un héritage sonore et culturel
Aujourd’hui encore, Georges Schmitt continue à jouer, à créer, à transmettre. Son approche mêle tradition et innovation, artisanat et exigence musicale. À travers son travail, il perpétue une culture instrumentale parfois oubliée, tout en lui insufflant une modernité rare.
Si les synthétiseurs tendent à remplacer les sons réels dans les studios, Georges Schmitt reste une référence dès qu’il s’agit de retrouver l’authenticité vibrante de la flûte de Pan. Un passeur de son, un passeur d’histoires.