
À 28 ans, Aurélie Aubert incarne l’excellence du handisport français. Spécialiste de la boccia, une discipline encore méconnue du grand public, elle a su transformer une initiation presque anodine en une aventure paralympique exceptionnelle.
« Bonjour, je m’appelle Aurélie Aubert, j’ai 28 ans et je pratique la boccia en haut niveau », annonce-t-elle avec simplicité. Pourtant, derrière cette introduction se cache un parcours remarquable, fait de résilience, de passion et de victoires.
Tout commence à l’âge de 12 ans, quand Marie-Pierre Leblanc, manageuse de la performance de la boccia, l’initie au sport avec… des chocolats. « Elle m’a appâtée à la boccia avec des chocolats », sourit Aurélie. Depuis, elle est « mordue » du jeu, même si elle a un peu réduit sa consommation de sucreries.
Boccia, handicap et dépassement de soi
Aurélie vit avec une paralysie cérébrale depuis sa naissance, due à un manque d’oxygène. « Les gestes sont plus difficiles pour moi, j’ai des gestes parasites », explique-t-elle. Pourtant, loin de freiner sa progression, ce handicap a nourri son envie de s’affirmer dans le sport.
Avant la boccia, elle ne se considérait pas comme sportive. Mais à Richebourg, où une heure de sport hebdomadaire était obligatoire, elle découvre une activité qui lui ouvre des portes inattendues.
Une trajectoire exceptionnelle aux Jeux paralympiques
Sa participation aux Jeux paralympiques a marqué un tournant. « Une expérience incroyable, comme dans un rêve », résume-t-elle. Avec sa partenaire Claudine, leur objectif initial était modeste : gagner un match de poule. Mission accomplie, et bien plus encore. Aurélie décroche l’or. « Je pense que c’est ça qui m’a fait gagner : je me suis vraiment fait plaisir », confie-t-elle.
Elle explique aussi avoir abordé l’événement comme « une compétition comme une autre », aidée par l’absence de distractions numériques. « J’avais pas mon téléphone, donc pas les réseaux. Je n’ai pas vu l’ampleur que ça prenait, et heureusement. »
Grâce à cette médaille, sa carrière a pris un nouvel élan : « Médialement, cela m’a aidée. Des sponsors peuvent désormais financer mes compétitions. Sinon, j’aurais eu du mal à continuer. »
Vers de nouveaux sommets : championne d’Europe et du monde en ligne de mire
Aurélie ne s’arrête pas là. Après avoir brillé à Poznań (or en équipe, bronze et argent en individuel), elle vise désormais les podiums internationaux. « On part en Chine pour un podium, puis au championnat d’Europe à Zagreb. J’aimerais devenir championne d’Europe. »
Elle reconnaît son parcours atypique : « J’ai tout fait à l’envers. Je n’ai pas encore les titres de championne d’Europe ni du Monde. Et ça, j’avoue, j’aimerais bien. Mais comme on dit avec Claudine : étape par étape. »
Donner de la visibilité à la boccia et au handisport
Aurélie est fière de contribuer à la visibilité du handisport. « Je suis contente que des personnes en situation de handicap découvrent la boccia, ou d’autres sports. Cela leur permet de sortir de chez eux et de pratiquer une activité physique. »
Par son engagement, elle inspire et démontre qu’avec volonté, rigueur et un peu de chocolat, on peut aller loin. Très loin.