À l’occasion de la Semaine de l’industrie, un point s’impose sur la représentation des femmes dans ce secteur encore largement masculin. Entre constats chiffrés, poids des stéréotypes, études nationales et initiatives locales comme celles de l’ESTACA, les témoignages dressent un état des lieux précis et les pistes pour faire évoluer la situation.
Du 17 au 23 novembre se tenait la 14e édition de la Semaine de l’industrie. Ce rendez-vous national a été créé en 2011 pour valoriser les métiers industriels, notamment auprès des jeunes filles alors qu’aujourd’hui encore, les femmes ne représentent que 28,5 % des salariés de l’industrie, selon l’INSEE. Un chiffre qui stagne depuis dix ans.
Au-delà de la sous-représentation globale, les postes occupés restent très genrés. En effet, les femmes dans l’industrie occupent souvent des fonctions support : 10 à 15 % d’entre elles travaillent dans la conception ou la production. Selon Aline Aubertin, présidente d’honneur de l’association Femmes Ingénieures, « le choix des filières au lycée est prématuré ».
Les stéréotypes de genre persistent dans le secteur de l’industrie
Historiquement, l’industrie est perçue comme un domaine masculin, façonné par des stéréotypes de genre. Or, ceux-ci influencent encore largement l’orientation des filles vers les métiers techniques. Une enquête nationale menée en 2024 par l’association Elles Bougent auprès de 6 125 femmes confirme cette tendance.
Selon cette étude :
- 82 % des femmes interrogées disent avoir été confrontées à des stéréotypes de genre durant leur parcours.
- 44 % ont déjà entendu qu’elles étaient « moins compétentes en mathématiques » que leurs camarades masculins.
- 65 % des femmes actives perçoivent les secteurs industriels comme peu accessibles.
Selon cette même enquête : ces inégalités de genre ne disparaissent pas lorsque les études se terminent. 81 % des étudiantes ingénieures ou techniciennes interrogées craignent de subir du sexisme dans leur future carrière.
Estaca : le nombre de filles augmente dans l’école d’ingénieurs
Du côté des écoles d’ingénieurs, une dynamique positive se dessine. Catherine Forveille, directrice de la communication de l’ESTACA à Montigny-le-Bretonneux, explique que la présence féminine y augmente progressivement. Elle souligne toutefois la nécessité de poursuivre les efforts, en lien avec les associations actives sur ces questions, comme Elles Bougent et Femmes Ingénieures, partenaires réguliers de l’établissement.
Ces collaborations visent à favoriser la mixité dans les filières techniques, accompagner les étudiantes et encourager les vocations.
Des dispositifs nationaux pour encourager les jeunes filles à se tourner vers les sciences
Au-delà des initiatives locales, plusieurs dispositifs nationaux cherchent à renforcer l’intérêt des jeunes filles pour les sciences. La Semaine de l’industrie, organisée chaque année partout en France, permet notamment de découvrir des métiers, rencontrer des professionnels et déconstruire certains préjugés.
Autre exemple : le plan « Filles et Maths », lancé par Élisabeth Borne lorsqu’elle était ministre de l’Éducation nationale. Ce programme vise à sensibiliser, former et encourager les collégiennes et lycéennes à s’engager dans les filières scientifiques et techniques.
