
Chercheur au LATMOS, Mustafa Meftah imagine avec son équipe de petits satellites pour répondre à des enjeux scientifiques, climatiques et technologiques. Rencontre avec le spécialiste qui conjugue rigueur scientifique, passion spatiale et ancrage territorial.
« Je suis spécialiste des relations Soleil-Climat, et je dirige l’équipe Aéronomie au LATMOS« , explique d’emblée Mustafa Meftah, chercheur rattaché au LATMOS (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales), une unité mixte de recherche du CNRS, de la Sorbonne Université et de l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.
Son objectif : développer des outils d’observation spatiale pour mieux comprendre les mécanismes climatiques et les interactions complexes entre les rayonnements solaires et l’atmosphère terrestre.
Des mini-satellites pour répondre à des enjeux planétaires
Au cœur de cette démarche scientifique, un levier technologique : les petits satellites, capables d’être déployés rapidement pour répondre à des questions ciblées. « Ce sont des plateformes légères, que l’on peut utiliser en constellation pour obtenir des données en quasi temps réel », précise le scientifique. « Avec plusieurs satellites, on peut dépasser les limites des grands satellites, qui mettent souvent des jours à revisiter un même point. »
La philosophie du LATMOS repose sur des méthodes de développement agiles, avec une forte autonomie des équipes. « L’idée, c’est d’être réactifs, de concevoir rapidement des instruments efficaces, et d’exploiter au mieux les ressources locales et universitaires. »
Ces petites plateformes, bien qu’encore imparfaites en précision, pourraient bientôt remplacer partiellement les grandes missions spatiales, grâce à leur agilité, leur coût réduit et leur capacité de couverture massive.
« Il faut donner du sens, et aussi du rêve. Si on veut une génération impliquée dans les enjeux climatiques et technologiques, cela commence par l’éducation »
Mustapha Meftah, chercheur au LATMOS
En parallèle, son équipe planche sur un sujet brûlant d’actualité : la quantification précise des émissions de CO₂ des industries. L’ambition est claire : développer un « jumeau numérique de la Terre », un modèle simulé basé sur des données en temps réel, grâce aux constellations de nanosatellites. « C’est une priorité à court terme : fournir des outils fiables, sans ambiguïté, pour accompagner les décisions politiques et respecter nos engagements climatiques. »
Une passion spatiale née sur les bancs de l’école
Pour Mustafa Meftah, l’attrait pour le spatial remonte à l’enfance. « En CE1, un enseignant nous avait montré les images des premiers pas de l’Homme sur la Lune. C’était dans les années 80. Ce moment m’a marqué. »
Depuis, le parcours est sans détour : école d’ingénieur en aéronautique à Toulouse, DEA de physique, doctorat en géosciences à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, puis habilitation à diriger des recherches en astronomie-astrophysique. « J’ai toujours été attiré par l’exploration, par le lien entre la Terre et le cosmos, et par la capacité de la science à nous aider à mieux vivre sur notre planète. »
Aujourd’hui basé dans les Yvelines, Mustafa Meftah contribue à faire rayonner le territoire dans le domaine du spatial. À ce jour, huit satellites ont été développés par ses équipes, dont cinq déjà mis en orbite.
Le prochain, baptisé UVSQ-SAT NG, a été lancé en mars 2025 à bord d’une fusée Falcon 9 de SpaceX, depuis les États-Unis. Une opération délicate, qui a notamment été soumise à de nombreuses contraintes juridiques internationales. « Lancer un satellite, ce n’est pas seulement un défi technique. C’est aussi un enjeu réglementaire. Il faut respecter les législations françaises et celles du pays partenaire au lancement. »