CMBV. Quatre lettres pour plus de 37 ans d’activités. Le centre de musique baroque de Versailles est totalement dédié cette musique française qui rayonnait aux XVIIe et XVIIIe siècle sur l’ensemble de l’Europe. Il est installé à l’hôtel des Menus-Plaisirs depuis 1996 et ses activités sont multiples.
Sauvegarder et faire vivre le baroque depuis 1987
« La création du CMBV vient de l’impulsion du Ministère de la culture et de nos deux fondateurs : Vincent Berthier de Lioncourt et Philippe Beaussant, qui sont des chercheurs. » Ils s’inscrivent dans la « veine du renouveau baroque » dans les années 1970-1980 qui remet au goût du jour ce patrimoine tombé dans l’oubli. Il naît en 1987.
Les équipes du CMBV font renaître des compositeurs comme Jean-Baptiste Lully, Marc-Antoine Charpentier ou encore Jean-Philippe Rameau pour les plus connus. Mais aussi Michel-Richard de Lalande, Henry Desmarest, Marin Maris, etc.
Des missions multiples
Recherche, production, formation, action culturelle, publications, éditions. Au CMBV, il y a les missions que vous voyez (entendez). La formation est sans doute l’activité la plus visible. Elle débute à partir de l’âge de 4 ans et le jardin musical. Un apprentissage des sons, des rythmes à travers comptines et autres chants. Puis dès le CE1, les apprentis chanteurs peuvent intégrer la maîtrise. Ils sont déjà en CHAM (les classes à horaires aménagés de musique). Un rythme et un apprentissage pour ceux que l’on nomme les Pages.
« Les Pages, ce sont les collégiens. Ils suivent un cursus réparti depuis la 6e jusqu’à la 3e. Le matin, ils suivent les cours au collège Rameau et l’après-midi, des répétitions de choeur et des cours pour apprendre le chant, la technique vocale, la formation musicale et faire des productions avec les Chantres, les chantres étant le cursus adulte avec des étudiants », explique Simon Prunet-Foch, directeur des formations.
Les Chantres ont un cursus d’études supérieures qui dure deux ans. A temps plein, ils sont actuellement une vingtaine à étudier, français comme étrangers. Entre les Pages et les Chantres, les adolescents ont aussi le choeur. Le Centre de musique baroque a aussi un rôle de diffusion de cette culture. C’est dans les mains du pôle Action culturelle, médiation et publics. Dans les projets en cours, « Ville baroque – Arts et sciences » en partenariat avec les villes de Maurepas, La Verrière et Guyancourt.
Mais il y a aussi la face cachée de l’iceberg. L’équipe du CMBV est forte d’éditeurs qui rééditent des partitions pour les rendez disponible au grand public. Plus de 385 titres sont disponibles et plus de 2500 oeuvres sont publiées. Le CMBV propose aussi livres, CD et DVD. Et la recherche.
« La recherche, c’est le berceau du CMBV. On a une bibliothèque, on a des chercheurs qui travaillent à temps plein pour retrouver des partitions », ajoute Esther Van Dooren, chargée d’action culturelle au CMBV. Le CMBV conserve également des costumes et décors d’époque, dans une volonté de restituer le faste et l’esthétique du baroque.
Un lieu à l’histoire riche
Construit au XVIIIe siècle sous Louis XV, le site était avant tout le siège d’une administration. Celle des Menus-Plaisirs qui s’occupait des différentes dépenses royales et l’organisation des plaisirs, les événements culturels de l’ordinaire et de l’exceptionnel à la Cour. Les Menus-Plaisirs sont chargés d’organiser les représentations de théâtre et d’opéra mais aussi les fêtes et cérémonies de Cour dont l’importance ne cesse de croître avec Louis XIV.
« Les Menus-Plaisirs ont un rôle jusqu’à la Révolution française mais le lieu a gardé son importance pendant la Révolution. Il a abrité l’assemblée des notables puis les états généraux donc en 1787 et 1789 », précise Esther Van Dooren. C’est d’ailleurs dans ces lieux que Honoré-Gabreil Riqueti, comte de Mirabeau, aurait prononcé cette célèbre phrase le 23 juin 1789 :
« Allez dire au Roi que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes. »
Le Centre de musique baroque renoue avec la vocation culturelle du bâtiment. Quand il s’y installe en 1996, le bâtiment est modifié. Les façades ne bougent pas, elles sont d’ailleurs classées aux Monuments historiques mais les intérieurs sont adaptés à la pratique de la musique. Depuis 2018, c’est Nicolas Bucher qui le dirige. Dans deux ans, le centre fêtera ses 40 ans !