Charlie Hebdo : 10 ans après, la mémoire d’un choc et d’un combat

Publié le 06 janvier 2025

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Charlie Hebdo : 10 ans après, la mémoire d’un choc et d’un combat

Wilfried Richy

Chronique

« Je préfère mourir debout que vivre à genoux »

Le 7 janvier 2015, la rédaction de Charlie Hebdo est frappée par une attaque terroriste qui coûte la vie à 12 personnes, dont Charb, Cabu, Wolinski et Tignous. Les deux assaillants, se réclamant d’Al-Qaïda, ont voulu faire taire un journal dont la seule arme était le crayon.

Dès le soir du drame, tv78 (alors tvfil78) diffuse une édition spéciale intitulée « Je suis Charlie ». En ouverture, ces mots marquants : « Je préfère mourir que vivre à genoux. »Stéphane Charbonnier, dit Charb, assassiné le 7 janvier 2015.

Les Yvelines touchées en plein cœur

Ce drame prend une dimension locale forte. Charb, directeur de Charlie Hebdo, était né à Conflans-Sainte-Honorine. Puis le 8 janvier 2015, la policière Clarisse Jean-Philippe, originaire de Carrières-sous-Poissy, est assassinée à Montrouge par un autre terroriste.

Dans l’édition spéciale de tv78, consacrée à l’attentat contre Charlie Hebdo, le journaliste Patrice Carmouze exprime avec émotion. Bouleversé par la disparition de Charb, qu’il connaissait personnellement, il souligne son courage et son engagement indéfectible en faveur de la liberté d’expression.

« C’est entre la tristesse et la colère. Une grande tristesse, parce que je connaissais très bien Charb, on avait travaillé ensemble. C’était quelqu’un de plein d’humour, plein d’intelligence, un type très courageux. Il a continué malgré les menaces, malgré les attaques, à faire le métier qu’il croyait devoir faire : défendre la liberté. »

Face à l’émotion, le Conseil général des Yvelines réagit également. Pierre Bédier, son président, rappelle alors l’importance de la liberté d’expression et cite Voltaire :

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire. »

Une mobilisation historique : 4 millions de Français dans la rue

Le 11 janvier 2015, 4 millions de Français descendent dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Parmi eux, 10 000 personnes à Rambouillet.

Un reportage de tv78 par Mélanie Poquet, tourné ce jour-là, capte l’émotion :

« Nous entrons en résistance pour que nos libertés soient sauvées. »

De nombreux jeunes sont présents, accompagnés de leurs parents, pour transmettre les valeurs républicaines. Certains prennent même le crayon en hommage aux caricaturistes assassinés.

Un « autre » procès Charlie : l’attaque au hachoir de 2020

Alors que la France commémore les 10 ans de l’attentat, un nouveau procès terroriste s’ouvre ce 6 janvier 2025.

L’affaire remonte au 25 septembre 2020, lorsqu’un Pakistanais de 25 ans, Zaheer Mahmood, attaque deux personnes à coups de hachoir devant les anciens locaux de Charlie Hebdo. Pensant s’en prendre à des journalistes, il frappe en réalité deux salariés de l’agence de presse Premières Lignes, qui survivent malgré des blessures graves.

Six hommes comparaissent devant la cour d’assises. L’assaillant principal risque la réclusion criminelle à perpétuité.

10 ans après, le combat continue

Dix ans plus tard, les hommages restent intacts. Des cérémonies officielles se tiennent cette semaine à Paris, en présence du Président Emmanuel Macron.

Dans un numéro spécial, Charlie Hebdo réaffirme son engagement :

« L’envie de rire ne disparaîtra jamais. »Riss, directeur de Charlie Hebdo.

Ce numéro anniversaire, intitulé « Rire de Dieu », entend rappeler que l’humour et la satire sont des formes essentielles de résistance.

Dix ans après, la phrase de Charb résonne toujours :
La liberté d’expression, attaquée le 7 janvier 2015, continue d’être défendue, en France et dans le monde.


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