Depuis le lundi 4 novembre et jusqu’au 20 décembre 2024, huit adultes âgés de 22 à 65 ans comparaissent devant la Cour d’assises spéciale de Paris. Ils sont accusés de leur implication présumée dans l’assassinat de Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 par Abdoullakh Anzorov. Ce Russe radicalisé d’origine tchétchène, âgé de 18 ans, a été abattu par les forces de l’ordre lors du drame et ne sera jamais jugé. Ce procès met en lumière les complicités et les défaillances qui ont conduit à ce crime effroyable.
Un crime qui n’est pas né de rien
Le 16 octobre 2020, le professeur d’histoire Samuel Paty, qui sortait du collège de Conflans-Sainte-Honorine où il enseignait, a été décapité par Abdoullakh Anzorov. Mais cet horrible crime n’est pas né de rien. Pour qu’il se produise, il a fallu un enchaînement de circonstances, une atmosphère et des complicités qui ont persuadé Anzorov qu’il allait se comporter comme un justicier de Dieu.
Ceux qui ont fabriqué cet engrenage de la mort se retrouvent depuis le 4 novembre dernier devant les juges de la Cour d’assises spéciale de Paris.
Les complices immédiats du tueur
Il y a d’abord parmi eux les complices immédiats du terroriste. Ceux qui l’ont aidé à acheter le couteau qui servira à décapiter Samuel Paty. Ceux qui l’ont conduit sur place. Ce sont deux de ses amis. Ils risquent la perpétuité.
Ils affirmeront qu’ils ignoraient les intentions d’Anzorov, sans pouvoir répondre à cette question simple : pourquoi aurait-il caché à ses plus proches ce dont il se vantait sur les réseaux sociaux ?
Le rôle du père de la collégienne et d’un islamiste radical
Plus intéressant est le cas de deux des accusés principaux de ce procès. D’abord le père de la collégienne de 13 ans, dont le mensonge a déclenché l’affaire.
Exclue pour deux jours du collège pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec Samuel Paty, elle a raconté, pour justifier son absence, que le professeur, avant de montrer des caricatures de Mahomet, avait intimé l’ordre aux élèves musulmans de quitter la salle de classe.
Et c’est en s’emparant de ce mensonge que le père de la fillette, Brahim Chnina, a jeté en pâture sur les réseaux sociaux le nom de Samuel Paty. Il a été soutenu et aidé dans sa démarche par un islamiste radical fiché S, Abdelhakim Sefrioui. Ce sont eux qui ont déclenché la haine qui s’est abattue sur Samuel Paty.
Dans cette affaire, s’il y a bien le tueur, l’imbécile tueur, il y a dans l’ombre ceux qui ont armé son bras. Ceux sans qui il vivrait encore.
L’absence de l’Éducation nationale dans ce procès
Il y a une absente dans ce procès : l’Éducation nationale. Car il faut insister sur ce point, trop souvent passé sous silence, que Samuel Paty a été lâché par ceux qui auraient dû assurer sa défense.
On évoque le mensonge fondateur de la collégienne qui a affirmé que les élèves de confession musulmane avaient été exclus. Eh bien, ce mensonge a été repris par l’Éducation nationale, par le référent laïcité, puis dans le rapport de l’inspection générale, pour qui il ne faisait aucun doute que Samuel Paty avait « froissé » ses élèves.
Pire encore, cet inspecteur écrivait à propos de Samuel Paty : « il a du mal à percevoir son erreur ».
Un enseignant abandonné par sa hiérarchie
Conséquence : alors que le professeur d’histoire est harcelé par le fiché S Abdelhakim Sefrioui et le père de la collégienne, ce n’est pas à eux qu’on demande des comptes, mais à l’enseignant.
Et ce lâchage par ceux-là mêmes qui auraient dû entourer Samuel Paty de leur protection, par la hiérarchie et certains de ses collègues, explique la solitude et la résignation de l’enseignant juste avant qu’il ne tombe sous les coups de son bourreau.
Exiger toute la vérité pour Samuel Paty
La mémoire de Samuel Paty, mais aussi l’idée que l’on se fait de la République, exigent que toute la vérité soit faite sur ce drame.
Que les complices du tueur soient châtiés, mais aussi que ceux qui ont failli à leur devoir le reconnaissent.